VILLARD RECULAS

13/12/04

 

Bord de route partant du village d’Huez (départ du télécabine des villages) en direction de Villard Reculas.

Les affleurements montrent des couches successives de calcaires plus ou moins argileux, il s’agit des séries sédimentaires du lias. La stratification est plus ou moins facile à voir, des couches de calcaires et des couches plus argileuses sont identifiables (S0). Empilement de bandes calcaires et de joints marneux typiques du lias inférieur (sinémurien).

Deux directions de schistosité sont visibles, elles sont dues à deux phases tectoniques différentes. L’observation des affleurements ne permet pas de définir leur chronologie. Les couches marneuses sont feuilletées plus finement et les stries sont plus inclinées que dans le calcaire. La pierre se trouve donc débitée en " frites " selon les deux directions définies.

Sous la pression qui s’exerce, il y a dissolution et recristallisation instantanée et il y a changement d’orientation des cristaux qui s’alignent ce qui provoque le feuilletage de la schistosité. Il ne s’agit pas là d’un métamorphisme bien qu’il y ait de nouveaux cristaux car ceux ci restent dans la famille des argiles. Il y a métamorphisme quand de nouvelles variétés telles que séricite (phyllosilicate) et chlorite apparaissent (les ardoises ne sont pas des roches métamorphiques). On est en présence d’un anchi métamorphisme. Les minéraux d’argile schistée ou non se distinguent aux rayons X.

Dans la région grenobloise deux niveaux du lias ont été historiquement identifiés :

Le lias comprend:

Le lias supérieur est composé du Domérien et du Toarcien.

L’Oisans a été le siège de production d’ardoises notamment dans la vallée du Vénéon, sa qualité était fonction du pourcentage de calcaire dans sa composition. Ces ardoises étaient extraites en profondeur pour éviter que l’érosion n’en dégrade leur qualité et notamment leur faculté à être débitées en feuillets très minces. Lorsqu’un de ces exploitants devait cesser de débiter un bloc en cours, il l’enterrait et l’arrosait régulièrement pour éviter toute dégradation et s’il s’absentait il demandait à un voisin d’arroser sa tombe !

Présence de nombreux rostres de bélemnites

Pour déterminer la chronologie des deux phases tectoniques ayant provoqué les deux schistosités on détermine leur direction. Ceci est fait par rapport au nord de la boussole et en différents points de la zone concernée. Une des deux directions est constante et l’autre est variable. La dernière schistosité en date est donc celle correspondant à la direction constante.

L’orientation des strates varie d’un affleurement à l’autre. Pour déterminer le sens d’un pli et de quel coté est la charnière, la direction de cette charnière est la même que celle qui va de S1 vers S0.

Des fentes de tension sont visibles dans certaines strates de calcaire ( plus compétent). Les fluides circulant dans les calcaires plus ou moins argileux dissolvent de la silice et du carbonate de calcium qui précipitent dans ces fentes sous forme de cristaux de calcite et de quartz. Dans certaines fentes, la calcite est noircie par des matières organiques. Ces fentes de tension sont parallèles à la direction de la contrainte, fentes et schistosité sont donc perpendiculaires.

En examinant l’ensemble des affleurements, il apparaît que le plissement est plutôt une ondulation des strates et l’érosion a creusé des talwegs au niveau des charnières des anticlinaux.

A proximité de ces charnières, les fentes de quartz et de calcite sont plus nombreuses et très désorganisées notamment en perdant toute orientation privilégiée. Ceci s’explique par la superposition de la tension qui crée la schistosité et une sorte de plissement secondaire à l’intrados du pli, les couches internes deviennent trop longues lors du plissement si le glissement entre couches ne se fait pas assez bien et il se forme des plis supplémentaires (disharmonie).

En avançant sur la route, l’argile devient plus violacée : on sort du sinémurien pour entrer dans le lotharingien. Ce niveau est bien visible dans la région ce qui n’est pas toujours le cas, il sert de repère sur les cartes géologiques pour séparer le sinémurien du carixien. Cette séparation est tout à fait visible en face dans la falaise de Pré gentil.

Au-delà de cette zone rouille violacée présence de bancs calcaires rassemblés en larges faisceaux avec des fentes de tension qui soulignent chaque banc calcaire : ce faciès est caractéristique du carixien. Ce niveau est très riche en rostres de bélemnites. L’inclinaison des couches montre bien que le carixien est sous le sinémurien, il y a donc inversion stratigraphique.

Dans cette zone les rostres de bélemnite sont tantôt noirs tantôt zébrés de blanc. Lors d’une phase tectonique certains rostres pris dans le calcaire ont été étirés et cassés en plusieurs segments, les cavités entre ces segments ont ensuite été comblées de calcite. Ces rostres zébrés donnent donc la direction de la contrainte minimale (σ3) et une estimation de l’allongement selon cette direction.

 

Interprétation du paysage avant de déboucher AU-DESSUS du village de Villard Reculas.

 

Le plissement s’est fait en deux étapes, une première qui a induit la schistosité associée aux petits plis (ondulations) et la seconde qui correspond au grand pli.

INTERPRETATION du PAYSAGE depuis LA GARDE

Lors de la troisième phase, il y a rebroussement du calcaire. Ensuite l’érosion a supprimé la partie de socle qui surmontait le calcaire.

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