15/11/04

Plateau Saint Ange au pied du Pic Saint Michel et au-dessus de Claix.

Temps très couvert ne permettant pas de décrire le paysage. Néanmoins, une barre calcaire est au-dessus de nous et séparée du pied Saint Michel par le plateau Saint Ange: rochers de la Bourgeoise. Ce ne peut être le prolongement du rocher de Comboire qui est du tithonique alors que le rocher de la bourgeoise est de l’urgonien.

L’urgonien est un faciès pélagique qui dans la région de Grenoble est assimilable à l’aptien et au barrémien. Mais dans le Lubéron l’urgonien ne couvre plus la fin du barrémien. De même le calcaire du Fontanil est un faciès correspondant dans région de Grenoble au valanginien, il est plus ancien que l’urgonien. Dans le Jura, le faciès correspondant est plus ancien et correspond au berriasien.

En dessous du plateau Saint Ange, on retrouve le tithonique au rocher de Rochefort ce qui correspond à un décalage vers l’E des strates. Un peu au-dessous de l’arrêt, il y a un ressaut correspondant au valanginien (Fontanil).

La question est de savoir pourquoi l’étage urgonien est dédoublé au niveau du pic Saint Michel. Les causes envisageables sont un pli, une faille normale ou un chevauchement.

Montée jusqu’à la cascade de la Pissarde, 10 minutes à pieds au-dessus de l’épingle (joli, à voir par beau temps). A la base, bancs de calcaires à miches contenant des oursins toxasters amplus, ces oursins sans piquants mais à poils se déplaçaient dans la boue et la vase. Les calcaires à miches se seraient formés sous l’effet de la pression à partir de marno calcaires; la marne aurait flué et le calcaire aurait formé des blocs oblongs. Ces couches jusqu’au col de l’Arc sont les plus fossilifères de la région (oursins, huîtres…). Au-dessus de ce calcaire à miches, la coupe de la cascade montre le niveau urgonien.

Affleurement calcaire rosé avec des rudistes : urgonien. Les strates décimétriques sont inclinées vers le N (orientation grossière) et donnent l’impression d’un plissement. En fait les strates sont planes sans plissement et c’est la découpe curviligne à l’extérieur du virage qui donne cette impression de pli. Pour s’en assurer, il faudrait faire une mesure du pendage qui se révélerait le même le long d’un pli.

En remontant la route, on est au-dessus de la couche d’urgonien et sur le bord de la route léger affleurement d’un calcaire plus jaune à strates centimétriques. En cassant un morceau, on trouve des traces vertes d’argiles, c’est du calcaire de l’albien à glauconies (on n’a pas trouvé de lumachelles et la température est trop basse pour s’attarder).

Les strates sont clairement plissées sans risque de biais. La coupe qui peut désormais être faite est ci contre (en y ajoutant les éléments relatifs au pic Saint Michel qui n’est pas visible avec le brouillard).

Au bout de la route, en suivant le chemin nous passons au-dessus d’une nouvelle couche d’urgonien et il faut redescendre un peu coté Varces pour trouver la grotte. Le banc d’urgonien est peu épais.

L’absence de calcaire à miches au-dessus de l’urgonien exclut la possibilité d’un pli. De même l’absence du calcaire à miches sous l’urgonien exclut une faille normale.

On serait donc en présence d’un chevauchement

Le plafond de cette grotte est le dessous de la strate inférieure de l’urgonien, il y a un fort pendage descendant vers la vallée. Le fond de la grotte est de l’albien à lumachelles fortement plissé (pli tronqué). Deux éléments posent problème :

• Au niveau de la grotte, le pendage de la couche d’urgonien est descendant ;
• Le crochon du plissement du calcaire a lumachelles est en sens inverse par rapport au sens d’avancée du chevauchement.

On est en présence d’un pli faillé avec chevauchement : le chevauchement du Moucherotte qui est à l'origine d'un crochon synclinal à la marge extrême-orientale de la dalle urgonienne chevauchée et, plus à l'Ouest, du détachement d'une navette d'Urgonien qui forme, à partir du Pré du Four, un coussinet intermédiaire entre les marnes de Narbonne chevauchantes et les terrains chevauchés (dont la succession se complète ici par de la lumachelle et des grès albiens).

Dans cet ensemble de pli faille avec chevauchement, le plateau Saint Ange apparaît comme une fenêtre de terrain autochtone (dalle urgonienne) dégagé par l’érosion et le pic Saint Michel est un klippe.

Ce pli faille part du pic Saint Michel et remonte en s’ouvrant de plus en plus vers le N. Il se poursuit en Chartreuse avec la faille du Néron.

29/11/04

Les oursins que l’on a trouvés dans le hauterivien font partie des spatanges. Le hauterivien fait référence à un site (stratotype) qui est le plus représentatif et où les couches sont les plus détaillées. Il y a un autre dans la Drôme plus détaillé encore près de La Motte Chalançon.

Au plateau Saint Ange, au-dessus du hauterivien, il y a le barrémien et l’aptien qui constituent la couche d’urgonien. Pour la région de Grenoble la couche de calcaire à lumachelles correspond à l’albien (fin crétacé inf). Au-dessus de l’urgonien, il y a le sénonien qui ne se retrouve pas au Pic Saint Michel.

Etape 2 : stratigraphie : examen de l’ordre des couches et recherche des anomalies (non-respect de cet ordre).

Il y a doublement de la falaise urgonienne. L’urgonien s’est déposé sur le bloc basculé du socle, ce basculement étant antérieur au dépôt il ne peut pas avoir provoqué le glissement d’une d’urgonien au-dessus de la précédente.

La compression à l’intérieur d’un synclinal crée des stylolithes (dissolution sous pression créant des colonnettes qui s’interpénètrent). L’urgonien s’est déposé et a formé une table de 400m d’épaisseur formant la Chartreuse et le Vercors. Il y a eu ensuite un plissement qui a été plus important dans la Chartreuse que dans le Vercors avec des raccourcissements respectifs de 50 et 30%. Sur la carte géologique des Alpes, on voit qu’au N d’une ligne qui va du Nord du Vercors au Lautaret et qui passe au N du massif des Ecrins, les massifs et domaines ont la même orientation qui se perd au-delà de cette ligne. Cette ligne n’a pas de réalité sur le terrain mais on peut s’interroger et elle explique la différence de taux de raccourcissement. En plus du plissement plus important de la Chartreuse il y a eu une érosion plus importante, aujourd’hui le climat de la Chartreuse est froid et humide ; depuis quand ? Peut-on remonter de 2 ou 3Ma ? Est-il la cause de cette érosion plus importante ?

Un pli couché est un pli avec un coté très laminé par l’étirement lorsque le pli s’est couché. Si cette zone laminée cède, il s'agit alors d'un pli faillé. Il y a chevauchement lorsque le pli faillé a subi un déplacement important.

Le pli faille du Moucherotte se prolonge dans la Chartreuse avec la faille du Néron aussi appelée faille orientale de la Chartreuse. La dernière composante de cette faille au sud est le Pic Saint Michel.

La ligne évoquée avant qui passe au Lautaret et au nord des Ecrins passe au col de l’Arc et par la vallée de la Romanche (nord du Taillefer). Il y a une rupture entre l’ampleur du plissement du Cornafion et du Pic Saint Michel qui s’expliquerait par une sorte de faille transformante .

21/11/05

Nouvelle sortie au plateau St Ange, il fait toujours aussi froid.

Stratigraphie du flanc E du Vercors:

Ce chevauchement de l’E du Vercors implique les couches de molasses du miocène, il est donc post miocène.

Il est à noter que la couche de calcaire urgonien des Rochers de la Bourgeoise ne se prolonge pas au sud. De même, le tithonique qui affleure en vallée à Comboire notamment s’enfonce et disparaît au S après le Rocher de l’Epérimont.

Examen des blocs, parfois conséquent partiellement détachés de la falaise et présentant un risque pour le village de St Paul de Varces. Des mesures sont en cours pour mieux connaître leur surface d’accrochage résiduel à la falaise (en général limité à un coté latéral). Des calculs de chute, d’éclatement de blocs sont réalisés lorsque le terme source est précisé pour définir les zones à risques donc inconstructibles et les protections complémentaires à installer (talus par exemple).