ROC D’ARGUILLE

 

06/12/04

I - Montée jusqu’au Col des Ayes.

Vue sur la Dent de Crolles et sur le sangle Barrére (vire à orbitolines). Les deux étages du faciès urgonien (aptien et barrémien) ne peuvent pas être distingués mais il est convenu d’appeler urgonien inférieur ce qui est en dessous de la couche à orbitolines et urgonien supérieur au dessus mais ceci ne correspond pas à la distinction de l’aptien et du barrémien.

En dessous de l’étage urgonien, talus Hauterivien avec la présence de calcaires à miches. Le calcaire à patine roussâtre qui est dessous est du Valanginien (calcaire du Fontanil) qui surplombe les ravines qui vont jusqu’au col des Ayes : marnes du Berriasien.

Sous ces marnes, couche de calcaire du tithonique qui du fait de son pendage émerge au sommet du Roc d’Arguille.

L’examen du relief depuis le col des Ayes montre une inversion structurale : le synclinal est perché en haut de la Dent de Crolles et l’anticlinal est plus bas au niveau du Roc d’Arguille.

 

II – Examen du relief et des structures depuis le Roc d’Arguille.

 

 

 

Ammonite bien visible au sommet du Roc ce qui confirme que ce calcaire n’est pas urgonien.

Deux éléments clés sont à prendre en compte pour comprendre le relief de la Chartreuse et l’expliquer :

1 – L’inversion du relief de la Dent de Crolles se retrouve à Chamechaude qui est un synclinal faisant suite à l’anticlinal du Roc d’Arguille.

Dans le talus sous l’urgonien de Chamechaude on reconnaît le talus hauterivien et le calcaire jaune roussâtre du Fontanil. Le calcaire du Fontanil est à grains plus grossiers, d’aspect un peu gréseux, il apparaît en haut du talus sur le flanc W.

2 – Le Grésivaudan n’est pas parallèle aux structures de la Chartreuse ce qui complique la lecture. Par exemple le roc d’Arguille, Prapouta sont sur le même axe que Grenoble, la Dent de Crolles n’a pas de suite et seuls les reliefs dans l’axe et à l’W du Charmant Som ont une continuité dans le Vercors.

Pour la même raison, le plateau des Petites Roches n’est pas la prolongation du St Eynard (tithonique) mais l’amorce du pli remontant vers le Roc d’Arguille.

Le calcaire de la plupart des principaux sommets de la Chartreuse est urgonien, celui du Roc d’Arguille est tithonique. Le tithonique est plus finement stratifié et les fossiles caractéristiques sont outre les ammonites, les aptychus (2 valves formant clapets de fermeture de la coquille des ammonites) et les pigopes ?

 

Description du paysage vu du Roc d’Arguille et de l’agencement des sommets sur les plis.

Le Roc d’Arguille est sur l’axe de l’anticlinal qui suit le synclinal de la Dent de Crolles (il est plus bas, il y a eu inversion du relief).

Chamechaude est dans la descente de ce pli dans l’urgonien depuis le roc d’Arguille. Ceci signifie qu’au-dessus du sommet actuel du Roc d’Arguille en calcaire tithonique, il y avait au-dessus toutes les couches que l’on voit aujourd’hui sur le flanc de la Dent de Crolles entre le tithonique jusqu’à l’urgonien soit 600 ou 800m d’épaisseur. Le col de l’Emeindras que l’on voit devant Chamechaude n’est pas un synclinal.

Après Chamechaude, il y a les couches urgoniennes de la Pinéa et du Charmant Som. L’hypothèse d’un synclinal au niveau du Col de Porte et de la remontée vers la Pinéa ne peut pas être retenue. En Chartreuse, le plateau initial d’urgonien a été très érodé et a souvent disparu de même que le valanginien, seule la couche de calcaire tithonique est présente partout et donne la forme du relief quand les autres couches ont disparues. Or entre Chamechaude et la Pinéa, il y a la bosse tithonique de l’Ecoutoux qui dessine un anticlinal entre Chamechaude et la Pinéa. Il y a donc eu une autre inversion du relief transformant un anticlinal situé au niveau de l’Ecoutoux et du col de Porte en un point bas.

Depuis le sommet du Roc d’Arguille, on a l’impression que le Grand Som, le Charmant Som et la Pinéa sont alignés et correspondent au même pli. Dans les faits, il y a deux plis différents, l’un correspond au Grand Som et à la Pinéa et devant le Charmant Som il correspond au relief calcaire que l’on voit plus bas et en avant des dalles (Maubouchet sur la carte IGN) ; l’autre correspond au Charmant Som et au Petit Som. Par ailleurs, le Grand Som est en urgonien inf et le Petit Som en urgonien supérieur, ils sont séparés par la couche à orbitolines : il y a donc eu inversion stratigraphique : chevauchement oriental de la Chartreuse qui se prolonge au sud jusqu’au pic Saint Michel.

Au-delà, il y a un troisième niveau de relief avec les Rochers de Chalves. Au-delà du Charmant Som il y a un synclinal au niveau du col de la Placette et la dalle urgonien remonte jusqu’au col de la Grande Vache. Le sommet de la Grande Sure est en calcaire du Fontanil qui est alors à la même altitude que l’urgonien. Ce calcaire du Fontanil y est qualifié de pseudo urgonien bien qu’il soit plus ancien, il présente le même faciès et on peut même y trouver des rudistes : ceci signifie que l’environnement était le même que celui que connaîtra plus tard l’urgonien.

Le Charmant Som est un des rares anticlinaux urgoniens ayant survécu à l’érosion. Au-delà des Bannettes il y a eu l’érosion qui a fait disparaître l’urgonien puis la faille de Voreppe (chevauchement occidental de la Chartreuse). Il réapparaît à la montagne du Ratz avant de disparaît dans la vallée du Rhône (effondrement lié à la création de la vallée). Plus au sud on le retrouve coté Massif Central en Ardèche.

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