Sortie QUEYRAS
12/09/05
Col de l’IZOARD Vallée du GUIL.
Le nom de Queyras vient de la peuplade celto ligure Quariate (environ 1500 ans avant notre ère). Les romains soumirent cette peuplades et lui octroyèrent une certaine autonomie sous l’égide d’un Préfet romain dont la résidence était les Escoyères. Le nom d’Aiguille signifie les eaux du Guil.
I – Col de l’Izoard.
D’un point de vue géologique, les deux versants du col de l’Izoard sont dans le briançonnais jusqu’au Guil, au delà ce sont les domaines piémontais et liguro piémontais. Pour mémoire, les Alpes internes comprennent le briançonnais et le sub briançonnais.
Les parties de plancher océanique qui sont visibles dans le Queyras ont subi la subduction et sont métamorphisées. La couverture sédimentaire de ce plancher a été métamorphisée en schistes lustrés.
Depuis le col de l’Izoard, vue vers le N sur le Chenaillet, le Laseron, les Cerces et le Thabor.
Le Queyras se divise d’un point de vue pétrographique en deux zones : la zone des calcaires dolomitiques des falaises du bas Queyras et la zone des schistes lustrés du haut Queyras. Un autre découpage du Queyras peut être fait d’un point de vue tectonique : à droite du col de Furfande les nappes de charriage sont calcaires et déversées vers l’W, à gauche du col elles sont déversées vers l’E. Les nappes déversées vers l’E les plus proches du col de Furfande sont calcaires puis au delà de schistes lustrés, nous sommes en présence de rétrocharriages. L’axe de symétrie séparant les nappes déversées vers l’W (charriage) et vers l’E (rétrocharriage) passe par les cols des Ayes, de Furfandes et de Sérenne.
Les rétrocharriages sont particulièrement importants dans cette zone car le massif de Pelvoux Ecrins est un obstacle important au charriage proéminent vers l’E : les nappes de charriages n’ont pas pu se déverser comme au N et au S de ce massif et la forte poussée a provoqué ces rétrocharriages (figure ci dessus).
Coupe du col de l’Izoard
Les calcaires du piémontais sont rétrocharriés sous les couches charriées du briançonnais fig ci contre).
Le gypse du col de l’Izoard est une évaporite (ce n’est pas toujours le cas par exemple le gypse du mont Eynard n’est pas une évaporite).
II – CASSE DESERTE.
La nappe du Clot de la cime a chevauché la nappe de Cote Belle et entre les deux nappes il y a une couche de gypse. Les circulations d’eau ont dissout le sulfate de calcium en donnant des eaux séléniteuses qui ont dissout la dolomie. La calcite a reprécipité dans les fentes mais le sulfate de magnésium beaucoup plus soluble a été entraîné: formation de cargneules (roche calcaire avec des nodules de dolomie entourés de calcite). L’érosion a ensuite retiré préférentiellement les couches de gypse faisant apparaître les pinacles et la gélifraction a provoqué l’éclatement des roches et permis la formation de la Casse déserte. Cette gélifraction s’est étalée sur les 10000 dernières années. (Voir photo)
Casse déserte
III – CEILLAC.
Au fond de la vallée carrière romaine dans le massif de Cristillan : marbre vert qui est de la serpentinite.
Vers Ceillac, présence de quartzite sédimentaire (gré).
Coupe au N de Ceillac, la zone des écailles de Ceillac est une zone de transition où les pendages ne sont pas toujours tout à fait renversés.
IV – MAISON DU ROI.
Au niveau de la centrale d’Eygliers les bancs de roches grises sont très plissés avec des filons de calcite: ce sont des calcschistes de calcaire planctonique du crétacé. Ils sont apparus dans le briançonnais dans une phase de mer profonde. De l’autre coté du Guil, un talweg permet bien de voir les couches de dolomies jaunes du trias au dessus des calcschistes du crétacé.
Au delà du tunnel en descendant vers Guillestre.
De l’autre coté du Guil, une vire apparaît clairement au dessus d’une couche de quartzites et sur cette vire une nappe de dolomie de 40 à 50 m d’épaisseur, elle est du trias inf. On n’est pas en présence d’une inversion mais d’une lacune (la couche de dolomie a été érodée et disparaît vers l’E). Les dolomies du trias s’intercalent entre les quartzites et les calcschistes. En haut, on retrouve au dessus de ces derniers la dolomie du trias: chevauchement de la nappe d’Assan qui est donc une nappe allochtone.
Les grés contenant une quantité significative de feldspaths (>25%) sont des arkoses, les grés contenant une quantité significative de micas sont des psammites.
On est en présence d’un anticlinal (couches les plus vieilles à l’intérieur), on parle d’anticlinal de nappe car un bombement a suivi le dépôt.
Entre les deux tunnels.
Parking entre les deux tunnels et avancée sur un chemin hors du tunnel aval pour voir le fond des gorges du Guil. Bombement très visible en partie basse de roches rouges et vertes sous la quartzite. Ces rouges sont partiellement cristallisées, les cristaux y sont répartis sans ordre ni orientation : roche magmatique volcanique. Les cristaux blancs sont des feldspaths potassiques : une rhyolite datée du permien (secondaire) donc antérieur au trias.
Nous sommes en présence d’une unité correspondant à un épisode volcanique probablement intraplaque.
Les principaux épisodes volcaniques retrouvés dans les Alpes :
Chamrousse Dévonien (350 à 400 Ma) à confirmer
Guil Permien ( 250 Ma)
Cassini, Auris Trias (250 à 200 Ma)
Chenaillet Jurassique (160 - 140 Ma)
En revenant sur la route entre les deux tunnels, présence de roches très compactes de quartzite avec du permien à la base.
A l’interface, des éléments de permien sont noyés dans la quartzite: ces roches confirment que la couche rouge de rhyolite datée du permien est bien antérieure à la quartzite du trias puisque la quartzite enrobe des éléments d’érosion du permien. Ces conglomérats à galets rouges et verts sont dits du Verrucano (voir photo).
Roche 'Verrucano'
La dalle supérieure de dolomie a été cassée probablement du fait de sa rigidité sous la poussée ayant provoqué le chevauchement. Avec la poursuite de la poussée, il y a eu un rebroussement d’un des deux cotés de la nappe.
Depuis la Maison du roi et jusqu’au débouché dans la vallée de la Durance, cet ensemble constitue la fenêtre du Guil.
Explication du rebroussement correspondant au Pic d’Assan
La poussée se poursuivant, il y a cassure de la nappe supérieure de dolomie puis rebroussement.
Carrière de marbre de Guillestre.
Ce marbre constitue une couche sur le coté W de la fenêtre du Guil. Ce marbre est constitué de calcaire rouge avec des inclusions nombreuses plus claires. Ce calcaire est du malm, sa couleur rouge correspond a une oxydation qui s’est faite lors de sa déposition. Cette oxydation serait due à des courants froids et oxygénés. De très nombreuses ammonites se sont remplies de ce calcaire et l’ont protégé de l’oxydation, plus tard, lors de mouvements tectoniques, ces fossiles ont été cassés et le remplissage blanc des coquilles s’est réparti dans la roche formant ainsi le marbre coquiller de Guillestre. Dans les dalles de la carrière, on voit les traces d’ammonites qui n’ont pas été détruites.
En partie haute de la carrière on trouve la zone d’interface entre les dolomies du trias (surface érodée et irrégulière) et le marbre. Il n’y a pas de zone de transition, ce contact est direct, ce qui prouve que l’enfoncement de l’île briançonnaise a été rapide pour donner directement des dépôts de mer profonde.
Marbre de Guillestre
Fossiles dans le marbre de Guillestre
Interface entre dolomies du trias et le marbre de malm
13/09/05
Soulié et vallée du Péas
carrière d’amiante.
En amont de la cluse du Queyras, présence de schistes lustrés du jurassique sup et du crétacé déposés sur les ophiolites : zone liguro piémontais.
Arrêt à 2115m, en montant au col du Péas, changement de versant du chemin avec zone de terre blanchâtre : c’est un affleurement de gypse. Au delà, c’est une zone de schistes lustrés jusqu’à la falaise de Rochebrune: dolomies et calcaires du trias alternés. Chevauchement vers l’E, rétrocharriage qui s’est fait sur une semelle de gypse.
Les combes du Queyras: St Véran, Ceillac… sont les vallées intercalées entre des nappes de charriage. Elles sont dissymétriques avec un flanc modérément incliné qui est le dessus d’une nappe de charriage et l’autre flanc plus abrupt qui est le front de la nappe qui surmonte la précédente.
Au fond de la vallée de St Véran, plusieurs enclaves d’ophiolites sont visibles : ce sont des lambeaux supérieurs du plancher océanique qui sont remontés après avoir subducté (exhumation).
Arrêt sur le replat en vue du col. Dans la zone des schistes lustrés, il y a des inclusions de pillows lavas, de serpentinite et de gabbros mais à la différence du Chenaillet il ont subi un métamorphisme HP avant de remonter.
Dans ces serpentinites, il y a des filons d’amiante qui ont été exploités jusqu’aux années 60. C’était la principale mine française après celle de Corse.
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Dans ce schéma, la nappe de dolomite de Rochebrune est restée à l’endroit.
Hydrogéologie :
300m de dénivelé sous le col de Péas: exurgence d’un torrent (et non résurgence car c’est sa première sortie en public). Il y a une forte karstification des dolomies (infiltration en grand). L’eau s’infiltre jusqu’aux schistes lustrés et s’écoule sur l’interface, elle passe sous la moraine qui existe au pied de la falaise pour avoir une exurgence un peu plus bas..
Mine d’amiante : L’amiante est une forme d’altération de la serpentinite ou des amphiboles. L’amiante était plus intéressante pour ses propriétés ignifuges qu’isolantes. L’amiante de cette mine est appelée chrysotile (ou crysotile). Elle se présente sont forme de blocs de serpentinite avec des filons d’amiante : aspect hydrothermal de la transformation de la serpentinite en amiante (voir photos).
Amiante
Cristaux de chrysolite
Des moules réfractaires ont été creusés dans cette roche qui contient parfois du talc, pour cette raison elle a été appelée localement la pierre ollaire.
Chenaillet et ophiolites du Queyras.
Les ophiolites du Chenaillet n’ont pas subi de métamorphisme, ceci est la conséquence directe du phénomène d’obduction. Les ophiolites du Queyras ont été métamorphisés : pillows lavas aplatis, gabbros lités. Ce métamorphisme est léger et la subduction n’a pas dû dépasser 10km.
Le mécanisme de remontée (exhumation) de ces ophiolites n’est pas bien connu, il serait gravitaire avec la remontée d’éléments de densité moins importante que leur environnement peut être amplifié par des écarts de température (roches subductée n’ayant pas eu le temps de monter en température. Cette remontée se passerait après qu’une rupture de la croûte en aval ait bloqué la subduction et que l’ensemble remonte sous la poussée d’Archimède (orogenèse). Ces éléments ophiolitiques qui remontent sont des fragments arrachés à la surface du plancher océanique mais de taille très variable allant d’une petite inclusion dans les schistes lustrés jusqu’au Viso qui est une unité ophiolitique exhumée.
14/09/05
Demoiselle coiffée.
Thierry a répété les explications qu’il avait donné lors de la balade sur le plateau matheysin à savoir que le chapeau, quand il existe, n’est pas à l’origine de la formation de ces cheminées. Elles se forment dans les terrains sablo argileux des moraines glaciaires quand des remontées d’eau par capillarité provoquent une induration qui rend le sol plus résistant que les terrains environnants. Le chapeau (un gros bloc de gabbro dans le cas présent, a stoppé la remontée capillaire qui sinon se serait poursuivie jusqu’à la surface. Dans la vallée de Péas nous avons vu de loin des demoiselles non coiffées qui n’ont pas nécessairement été décoiffées. (Voir photo)
Demoiselle coiffée vers St. Veran
Saint Véran
Sur la route de la Chapelle de Clausis, une ancienne carrière de marbre vert aussi appelé marbre antique par les marbriers. Il s’agit d’une serpentinite verte contenant des filons de calcite (ophiocalcite). Cette carrière est une enclave ophiolitique dans les schistes lustrés dans laquelle on trouve aussi l’ancienne mine de cuivre. Elle aurait été exploitée jusqu’au XIXe siècle.
Marbre vert
Le cuivre se trouve sous forme de cuivre natif transformé par les intempéries en carbonate hydraté d’un vert caractéristique (malachite). Dans les fissures de la serpentinite on trouve aussi un sulfure de cuivre et de fer appelé bornite.
Le plancher océanique avait été recouvert de sédiments siliceux (radiolarite) qui ont subi le métamorphisme de subduction et ont donné de la quartzite. Dans cette zone, les schistes bleus se sont transformés en amphiboles: glaucophane (aiguilles alignées d’un bleu très foncé), quelques grenats sont visibles mais il n’y a pas d’éclogites, le métamorphisme n’a pas été assez fort.
Les bouts de cuivre natif que l’on trouve (couleur vert du cuivre hydraté) fragments qui se tordent facilement sans casser sont de cuivre natif d’origine hydrothermal synocéanique.
Le gisement de cuivre de St Véran semble avoir été exploité depuis l’époque romaine (pièce ancienne retrouvée à proximité). Les galeries étagées commencent au dessus de la route, la plus élevée se trouve à 2439 m. La mine connut une certaine activité de 1921 à 1932, abandonnée puis reprise en 1939. Elle fut fermée en 1940, l’exploitation reprit après la fin de la guerre pour 4 à 5 ans.