Sortie LAC BESSON
17/10/05
I – Tête de Louis XVI.
Retour sur la détermination des roches. Reprise des 4 points énoncés par Thierry la première année.
1 – comment se décrit la roche dans le paysage.
Roches dures par rapport aux autres donc proéminentes, strates… Les roches dures sont aussi des roches non plissées qui se fracturent plutôt que de plier.
Il est rappeler que le terme de strate n’est utilisé que pour les roches sédimentaires et dans le paysage elles ont la particularité de se poursuivre sur l’ensemble d’un massif.
2 – Y a t il des éléments visibles dans ces roches ?
Ces roches sont-elles homogènes ou non ? Les éléments visibles peuvent être visibles à l’œil nu ou à la loupe. Dans certains cas (radiolarite, serpentinites) il faut même un microscope.
3 – Quels sont ces éléments visibles ?
Ils peuvent être des cristaux, des fossiles ou des débris. Dans le cas de débris, nous avons affaire à un conglomérat ou une brèche si les débris sont anguleux.
Il faut examiner la texture, toute la masse est-elle cristallisée, les cristaux sont-ils orientés ? Présentent-ils des couches (foliation) ? Auquel cas nous sommes en présence de roches cristallophylliennes.
Derrière la tête de Louis, 3 blocs provenant manifestement de la même origine que celle ci présentent des différentes, l’une est totalement cristallisée de cristaux verts et blancs disposés aléatoirement (vu le contexte c’est probablement un gabbro peu métamorphisé), la seconde présente des couches alternées de vert foncé et de blanc (amphibolite) et la dernière paraît homogène avec des cristaux blancs dispersés (méta basalte avec des cristaux de feldspath préexistants au métamorphisme). La bonne connaissance de l’environnement géologique est essentielle à la détermination d’une roche, après il n’y a plus que le microscope polarisé avec l’analyse d’une couche mince.
Les basaltes sont associés au rifting, il n’y a pas de collision entre continents qui aurait donné naissance aux Alpes mais la subduction de l'Europe sous l’Apulie qui entraîne outre du volcanisme, un empilement d’écailles qui forment les Alpes avec les effets la remontée de plaques suite à des ruptures et à l’isostasie. Par contre, il y a collision entre l’Inde et l’Eurasie provoquant l’orogenèse de l’Himalaya.
L’érosion a ramené la chaîne hercynienne à une pénéplaine dite ante triasique, le relief des Alpes est jeune, de l’ordre de 30Ma alors que les roches qui forment ce relief sont anciennes –350 ou –400Ma.
II – Chapelle St Ferréol sous le village de Huez.
Depuis la plateforme où est construite cette chapelle, bonne vue sur les falaises de Pré Gentil où les strates dans le calcaire sont bien visibles et sur le Grand Galbert. Ce dernier est comme Chamrousse un morceau de cette pénéplaine ante hercynienne car une telle érosion du socle ne peut pas s’être faite depuis la surrection des Alpes. Le Taillefer est aussi un élément de cette pénéplaine et pourtant son relief est très différent et la pénéplaine se résume à de petits plateaux sue le flanc W. Cette différence s’explique par la tectonique, le Taillefer est séparé du Grand Galbert et des lacs fourchus par deux failles dont l’accident de La Pra, faille importante qui a découplé les deux massifs dans leurs réponses aux mouvements de la structure d’ensemble.
II – Lac Besson.
Au trias, dépôt d’évaporites sur la pénéplaine hercynienne. Ceci explique la présence de dolomies au-dessus du socle tout à fait visible aux abords des lacs. Cette dolomie ne précipitait que dans un contexte lagunaire assez chaud, à forte salinité excluant toute trace de vie. De ce fait impossible de trouver des fossiles. Cette dolomie a néanmoins été datée grâce au principe de superposition : au-dessus de la dolomie on retrouve les dépôts calcaires de Pré Gentil que les ammonites et les bélemnites (fossiles céphalopodes de mer profonde) ont permis de dater du lias. Ceci signifie aussi que du trias au lias, le contexte est assez d’une mer peu profonde permettant la précipitation d’évaporites à une mer profonde.
Au trias
Ensuite apparition de blocs basculés avec le début du cycle alpin.
Ce qui conduit au schéma d ‘ensemble des blocs basculés présentés la première année. Apparition de grandes failles normales (listriques c’est à dire qui se raccordent tangentiellement à la couche inférieure de la lithosphère plus ductile). Entre les blocs basculés, dépôts synrifts de calcaire en éventail car le basculement des blocs a été progressif.
Ces failles ont été provoquées par de la divergence.
Le plissement des calcaires (par exemple entre le Taillefer et le Rochail) montre qu’il y a eu ensuite une phase de compression pouvant aller jusqu’à engendrer des chevauchements comme celui de Villard Reculas voire des chevauchements impliquant le socle comme à La Meije.
Il est rappelé que la déchirure survenue ultérieurement entre les deux marges est oblique (modèle de Vernicke). Cette séparation des deux marges est accompagnée d’une détumescence thermique provoquant l’enfoncement des marges.
III – Lac noir.
Au bord du lac, grande dalle couverte de ripple marks. La présence de sable et de roches détritiques est la preuve de l’érosion. Ces ripple marks sont dans des grés plus ou moins bréchifiés. Il y a des trous de formes pouvant faire penser à des traces : ceci est exclu aux dires des paléontologues.
La dolomie qui s’est déposée est CaMg(CO3)2. Elle se présente avec une couleur rousse en surface due à l’altération, à la cassure elle est d’un gris bleuté:
Le calcaire est attaqué à froid par HCl dilué, pas la dolomie, cette dernière est cependant attaquée à chaud.
Les ripple marks sont sur les roches détritiques sir le socle et au-dessus il y a les dolomies. Habituellement on désigne par socle le socle lui-même après son érosion et les conglomérats résultant de cette érosion.
Origine des lacs et relief environnant.
On peut imaginer que le relief soit dû à la tectonique qui aurait incliné les dalles dont la dalle aux ripple marks et que les glaciers aient creusé les lacs dans la dolomie et atteint le socle. Comme la dolomie se poursuit sous le niveau de l’eau, cela ne peut pas être d’origine glaciaire. Les lacs sont localisés dans des points bas créés par des failles normales, ce ne sont pas des mini blocs basculés mais de nombreuses petites failles sur un même bloc basculé. Elles remontent au début du jurassique et sont des sortes de répliques des failles séparant les blocs basculés.
Cette structure se voit bien depuis le sommet de Pré Gentil (ce n’est pas à coté !).
En remontant du lac par le talweg au pied de la dalle au ripple mark on peut voir des dépôts en arête de poisson correspondant à des changements de sens du courant sur le sable (progradation dans un sens puis dans l’autre).