C03 CHARMANT SOM

 

 

Parking au Chalets du Charmant Som.

Les roches autour et au dessus au SW du parking sont un calcaire très blanc presque crayeux, c’est un calcaire à silex du crétacé sup campanien ( qui appartient au sénonien). Il a été très utilisé pour faire des lauzes. Il repose sur un autre calcaire ayant une patine roussâtre qui repose lui même sur l’urgonien.

Ce calcaire roussâtre est coquiller, sa couleur est donnée par la glauconie oxydée, par endroit la couleur verdâtre de la glauconie est visible dans la masse. C’est du calcaire à lumachelles, calcaire de mer peu profonde.

Entre le calcaire à lumachelles et le calcaire campanien, on trouve une couche fine (10 ou 20cm) de conglomérat à grain fin : c’est un niveau repère à la base du crétacé inférieur de béton phosphaté. Le phosphate provient des animaux marins qui se sont déposés avec des débris entre l’aptien et le sénonien.

Examen d’un plan de faille juste avant le départ du sangle sur lequel deux type d’éléments permettent de connaître la direction et le sens du déplacement relatif :

Les stries des recristallisations définissent la direction, ces mêmes recristallisations forment de petites marches dans le sens du mouvement (marche en extrémité de la petite zone recristallisée dans le sens du mouvement). Par ailleurs, les petites fissures qui apparaissent sur ce plan de faille sont des fissures de Riedel orientées à l’inverse du sens du mouvement. La présente faille est une faille inverse car des couches plus anciens sont passées au dessus de couches plus récentes

En analysant le paysage, on retrouve les sommets ayant une dalle urgonienne en partie haute : le Charmant Som, les Grand et Petit Som, les Lances de Malissard, la Dent de Crolles. Il faut noter que la pointe de la Sea est en tithonique, cette zone correspond à un anticlinal dont les couches supérieures y compris l’urgonien ont été érodées. Par ailleurs, le pendage des couches de calcaire du Charmant Som aux environs des chalets est faible et regarde vers l’E. Les chalets sont situés au fond d’un synclinal incliné vers le S

Le Petit et le Grand Som sont deux sommets urgoniens séparés par des calcaires du valanginien : il y a donc chevauchement. D’un point de vue géologique, le Charmant Som est dans l’alignement du Petit Som. Ces deux sommets sont à l’W du chevauchement.

 

Sangle du Charmant Som.

Un sangle de Chartreuse est un chemin souvent escarpé qui chemine entre deux barres rocheuses dans le versant abrupt des montagnes, il emprunte souvent les vires à orbitolines. Le sangle du Charmant Som contourne le sommet par l’W en empruntant la vire à orbitolines. En quittant le plateau près des chalets, on prend le sangle en descendant vers W. A ce niveau, on voit plus ou moins nettement à cause de l’érosion que les couches de calcaire urgonien peu inclinées plongent à la verticale, la charnière de l'anticlinal du Fournel se distingue mieux dans les falaises de la pente vers le S.

En suivant le sangle vers le N, juste avant un changement de direction du NE à l’E, présence d’un affleurement marneux où l'on trouve, à la surface du sol dans le chemin, des orbitolines (forme de lentille dégagées du calcaire argileux).

Depuis le vallon qui suit ce changement de direction, vallon apprécié des chamois semble t il, on voit bien le plateau urgonien supérieur formant le plan incliné montant à l’ante cime du Charmant Som et le creux qu’il présente : c’est l’extrémité du synclinal des haberts (chalets).

Plus loin, un peu à l’écart du sangle, un beau point de vue (Pré Batard)

permet de faire la coupe géologique du premier plan du panorama au N.

Le chevauchement du Grand Som qui passe par le Charmant Som est le prolongement vers le N du chevauchement du pic St Michel dans le Vercors : Chevauchement oriental de Chartreuse. Ce chevauchement est certainement associé à l’enfoncement du dauphinois sous Belledonne, les sédiments refusent de s’enfoncer et des écailles se forment en amont donc à l’W.

Au début de la montée du sangle vers le sommet, un regard sur la couche supérieure d’urgonien (vers le S) permet de voir une rupture dans celle ci. La couche d’urgonien supérieure, très compacte à l’W, s’interrompt vers le haut et le calcaire devient moins compact avec des couches beaucoup moins épaisses : une faille a permis la remontée des couches du sommet mettant la zone de calcaire à orbitolines au niveau de la couche supérieure d’urgonien.

Sommet du Charmant Som.

Les couches qui constituent le sommet sont presque horizontales puis légèrement inclinées vers le sud en allant vers l’ante cime. Elles appartiennent à la partie haute de la masse urgonienne inférieure et ont été fortement ciselées en lapiaz par la dissolution des eaux de ruissellement (aussi appelé exokarst ou sciallex).

Lors du chevauchement, la couche supérieure d’urgonien a glissé et est venue recouvrir les couches d’urgonien au delà de la faille citée ci dessus. La partie chevauchante a été érodée ou s’est éboulée, on retrouve donc au sommet l’urgonien supérieur de la couche chevauchée.

En descendant du sommet vers les chalets en évitant l’ante cime par l’W le chemin est sur la plaque d’urgonien et en appuyant toujours sur la droite, la pente du chemin devient plus forte et le calcaire est remplacé par la prairie : c’est la limite de la plaque d’urgonien qui a glissé au dessus du sommet et recouvert les calcaires à lumachelles et sénonien qui recouvrent la plaque vers les chalets. L’herbe cache cette transition en recouvrant les couches inférieures mais en allant 50m plus à droite où la pente est plus forte on voit clairement l’urgonien qui repose sur la lumachelle avec le plan de glissement sous l’urgonien.

La vue du sommet permet de bien voir le relief inversé au niveau de l’Ecoutoux (schéma du maître) :

Route forestière montant aux Chalets, tournant à 1442m (éléments largement extraits du site Geol Alp de M GIDON).

Immédiatement avant le début de la balustrade, la route traverse la surface de faille principale du chevauchement de la Chartreuse orientale, que l'on peut ainsi observer de près pour constater qu'elle correspond à un couloir d'environ 1 m d'épaisseur dans lequel la roche est écrasée et recristallisée en une mylonite*feuilletée. Cette cassure amène les calcaires du Fontanil en chevauchement sur une lame d'Urgonien globalement inclinée vers l'est.

Cette lame d'Urgonien est formée de couches verticales, comme on le voit en examinant les bancs de Lumachelle qui sont collés du côté droit de la lame d'Urgonien. Mais celles-ci sont hachées de fractures secondaires (de type Riedel), sub horizontales qui décalent et crochonnent ces bancs verticaux de Lumachelle.

extrémité orientale de la grotte-auvent

 

Au delà d'un auvent formant grotte la lame d'Urgonien est directement traînée sur le Sénonien (ce dernier fait stratigraphiquement suite à la Lumachelle, dans une succession dont la base se trouve donc du côté est). Ce Sénonien est fortement schistosé et froissé de plis de taille décamétrique (que la densité de la schistosité masque d'abord à l'observateur peu attentif).

Avec une vue plus large de cette zone dans le tournant et plus haut sur la route, l’urgonien forme un crochon au niveau de ce chevauchement, la partie d’urgonien que l’on voit dans le tournant est le retour de ce crochon ce qui explique l’ordre stratigraphique et le plissement des lumachelles et du sénonien.

Nota :

Beaucoup d’informations sur la balade que nous avons fait et d’autres se retrouvent dans la description de l’itinéraire pédestre décrit sur le site de " Geol-Alp " circuit du Charmant Som de même que la coupe de la route pastorale est décrite dans " Route sylvo-pastorale tournant 1442m ".

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