VALLEE du GRESIVAUDAN

 

12/03/07

 

Le Grésivaudan est la vallée médiane de l’Isère.  La Tarentaise est la haute vallée de l’Isère.

 

Le Grésivaudan est donc la vallée entre Belledonne et les massifs subalpins : Vercors, Chartreuse, Bauges. Le Grésivaudan appartient au sillon alpin qui se prolonge au-delà de celui-ci.


 

Cette vallée correspond à la fois au soulèvement différentiel de Belledonne et du Dauphiné d’une part, à l’érosion de l’Isère et des glaciers d’autre part. Les collines bordières de Belledonne sont plus étalées au S de la Romanche. L’Isère a creusé plus facilement dans les terres noires (jurassique) argileuses du fond de la vallée que dans les calcaires du lias et du dogger des collines bordières.

 


Du cote Chartreuse, le plateau des petites Roches est d’un calcaire beaucoup plus résistant qui a résisté à l’érosion après  que celle ci ait entamé l’urgonien et les terrains plus argileux du néocomien.

I – HISTOIRE GEOLOGIQUE de la zone.

 

Le massif cristallin de Belledonne est la surrection durant l’orogenèse alpine d’une partie de l’ossature hercynienne : roches métamorphiques, amphibolite (amphibole + plagioclases). On trouve des gneiss recouverts de conglomérats et de grés micro conglomératiques avec une limite au-dessus des gneiss qui est typiquement une surface d’érosion. Les grés rouges que l’on trouve vers Allevard correspondent à l’érosion  hercynienne de la fin du primaire (permien), ils correspondent à une période de climat désertique qui donne un paysage proche de celui d’un reg.

  

            Au début du secondaire retour de la mer qui est peu profonde dans un premier temps, la température étant assez élevée, dépôt de dolomie, comme on en retrouve à la Croix de Chamrousse. Puis il y a enfoncement avec colmatage sédimentaire, la nature des dépôts variant notamment avec le climat.

Le socle se fragmente, des blocs basculés apparaissent. Les dépôts qui se font dans les espaces entre blocs basculés rencontrent des conditions anaérobiques : zones étroites et profondes ayant peu d’échange avec l’extérieur. La matière organique abondante se décompose en donnant des terres argileuses très noires (terres noires) voire des hydrocarbures.

Le Grésivaudan est une marge continentale en haut de la bordure : c’est dans cette zone que se forment les massifs sub alpins avec leur plateforme urgonienne (la lumière pénétrait jusqu’au fond ce qui a favorisé le développement des coraux et de la vie aquatique - rudistes).

Au début du tertiaire (éocène), soulèvement progressif des Alpes et retrait de la mer. L’émersion entraîne immédiatement l’érosion. Les produits de cette érosion se répandent dans le Dauphiné pendant tout le miocène. Dans ces débris on trouve des éléments provenant de l’Est des Alpes françaises (radiolarites) : haute Tarentaise, grand Paradis ou Queyras. On est sûr qu’à cette époque l’Isère remontait vers le lac d’Annecy (cluse d’Annecy) et l’Arc se jetait dans la vallée du Rhône par la Cluse de Chambéry : ces débris ne peuvent donc venir que du Queyras, transportés par la Durance qui à l’époque s’écoulait vers l’W en empruntant les cours actuels de la Guisane et de la Romanche : les Ecrins et Belledonne ne s’étaient pas encore soulevés.

Ce soulèvement des massifs subalpins est trop rapide pour que l’Isère et l’Arc creusent suffisamment leurs lits et leurs cours vers l’W sont interrompus. Elles s’écoulent vers le S à l’E de la Chartreuse pour retrouver la Durance en amont de Grenoble. Le creusement du Grésivaudan a d’abord été fluviatile.



Durant toute cette période jusqu’à la fin du miocène, les débris de l’érosion des massifs alpins d’alors (molasses et conglomérats) s’accumulent dans le Dauphiné et dans le sillon alpin. Comme le Vercors et la Chartreuse se sont formés avant la surrection de Belledonne, formation de véritables deltas molassiques vers Voiron et La Tour du pin. Cet historique montre bien que la cluse de l’Isère n’est pas une faille mais le résultat de l’érosion par la Durance lors du soulèvement de la Chartreuse et du Vercors.

 

            Le soulèvement ultérieur (5Ma) des massifs cristallins externes (Ecrins, Belledonne) entraîne une interruption du cours de la Durance, celle ci s’écoule désormais vers le S et la vallée qui monte au Lautaret est maintenant drainée à l’E par la Guisane qui vient alimenter la Durance. Du coté W du col, la Romanche alimente toujours le Drac puis l’Isère.

 

            L’histoire du Grésivaudan qui a débuté par une érosion fluviatile se poursuit par une phase glaciaire. La latitude de la région est trop basse pour que la région soit prise par les glaces mais avec l’altitude, des glaciers très importants se forment dans les Alpes lors des deux dernières glaciations et descendent dans les vallées. Les vallées de l’Isère et du Rhône accueillent de grands glaciers qui sont alimentés par ceux des vallées annexes qui débouchent; par exemple la vallée du Drac est prise par un glacier qui remontait jusqu’au col du Fau. Les glaciers du Riss ont l’extension la plus importante (jusque vers Beaurepaire) et les vallées fluviatiles deviennent des vallées glaciaires. La glaciation du Würm est tout aussi importante mais comme elle bénéficie du creusement du Würm, elle a une extension géographique moindre. Lorsque l’on a la vue sur la mer de nuages sur Grenoble depuis la Chartreuse ou le Vercors, on a une idée de l’emprise de ces glaciers.

 

 

II - Les Argiles d’Eybens.

 

L’histoire commence au secondaire. Entre 250 Ma et-65 Ma dépôts calcaires plus ou moins argileux dans les cavités étroites formées par les blocs basculés. Après –65Ma, avec la fermeture de Téthys s’est l’orogenèse alpine et il y a le serrage des couches marno calcaires qui sont plissées.

Ensuite les glaciers du quaternaire ont entamé ces couches en laissant latéralement après l’épisode Riss les collines bordières.

Lors de la période interglaciaire Riss – Würm, il y a un réchauffement avec un climat certainement plus chaud que ce que nous connaissons aujourd’hui. Le glacier de l’Isère remonte vers la source laissant dans le Grésivaudan une profonde entaille. Un lac se forme et de grandes quantités de produits d’érosion se déposent sur plusieurs centaines de mètres d’épaisseur. Parmi ces dépôts lacustre, les argiles d’Eybens jusqu’à la cote 360m.

Lors de la glaciation du Würm, le glacier de l’Isère déblaie les dépôts lacustres et surcreuse le Grésivaudan jusqu’à la cote de –300m. Le glacier est moins élevé en altitude que celui du Riss (à Eybens, il ne monte que jusqu’à la cote 250) car il bénéficie du creusement de celui-ci, ce qui explique aussi que la glaciation du Würm ne se soit pas étendue dans la plaine jusqu’à Beaurepaire, même à son paroxysme (Würm II –50000ans).

Le glacier du Würm avait une épaisseur de l’ordre de 1300m vers Grenoble et il a laissé des blocs erratiques à St Nizier. Ce glacier se déversait dans les vallées adjacentes et lors de son retrait, il a laissé des vallées sèches comme au Pas du curé dans le Vercors.

A la fonte de ces glaciers, apparition d’un nouveau lac dans lequel l’Isère dépose des alluvions jusqu’à la cote de 200m.  Dans cette phase, des argiles se sont aussi déposées, on les trouve lors de forages. Dans un deuxième temps les dépôts ont été de plus grosse granulométrie car le torrent était plus important.

L’église d’Eybens est construite en briques faites avec l’argile d’Eybens.

 

 

III – GRESIVAUDAN lors des glaciations

 

Les glaciers du Rhône et de l’Isère ont largement creusé l’un l’avant pays alpin, l’autre le sillon alpin depuis la Suisse jusqu’au Trièves au Riss et à Sinard au Würm. Au Würm, le retrait des glaciers s’étend de –20000 à –12000ans et le Trièves est colmaté par des argiles lacustres. Ce recul se fait par saccades en laissant des moraines et des lacs (grand lac de Moirans par exemple). Le Drac et la Romanche ont ensuite ré entaillé les alluvions. Le lac du Grésivaudan s’est comblé très rapidement, le lac d’Annecy et du Bourget n’ont pas encore fini de se combler.

Belledonne s’est soulevé lors des glaciations, ce soulèvement accentue la profondeur du  Grésivaudan et l’abrupt des collines bordières.

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