VALLEE du GRESIVAUDAN
Le Grésivaudan est la vallée
médiane de l’Isère. La Tarentaise est la
haute vallée de l’Isère.
Le Grésivaudan est donc la vallée entre Belledonne et
les massifs subalpins : Vercors, Chartreuse, Bauges. Le Grésivaudan appartient
au sillon alpin qui se prolonge au-delà de celui-ci.
Cette vallée correspond à la fois au soulèvement
différentiel de Belledonne et du Dauphiné d’une part, à l’érosion de l’Isère et
des glaciers d’autre part. Les collines bordières de Belledonne sont plus
étalées au S de
Du cote Chartreuse, le plateau des petites Roches est
d’un calcaire beaucoup plus résistant qui a résisté à l’érosion après que celle ci ait entamé l’urgonien et les
terrains plus argileux du néocomien.
I – HISTOIRE GEOLOGIQUE de la zone.
Le massif cristallin de Belledonne
est la surrection durant l’orogenèse alpine d’une partie de l’ossature
hercynienne : roches métamorphiques, amphibolite (amphibole +
plagioclases). On trouve des gneiss recouverts de conglomérats et de grés micro
conglomératiques avec une limite au-dessus des gneiss qui est typiquement une
surface d’érosion. Les grés rouges que l’on trouve vers Allevard correspondent
à l’érosion hercynienne de la fin du
primaire (permien), ils correspondent à une période de climat désertique qui
donne un paysage proche de celui d’un reg.
Au début du
secondaire retour de la mer qui est peu profonde dans un premier temps, la
température étant assez élevée, dépôt de dolomie, comme on en retrouve à la
Croix de Chamrousse. Puis il y a enfoncement avec colmatage sédimentaire, la
nature des dépôts variant notamment avec le climat.
Le socle se fragmente, des blocs
basculés apparaissent. Les dépôts qui se font dans les espaces entre blocs
basculés rencontrent des conditions anaérobiques : zones étroites et
profondes ayant peu d’échange avec l’extérieur. La matière organique abondante
se décompose en donnant des terres argileuses très noires (terres noires) voire
des hydrocarbures.
Le Grésivaudan est une marge
continentale en haut de la bordure : c’est dans cette zone que se forment
les massifs sub alpins avec leur plateforme urgonienne (la lumière pénétrait
jusqu’au fond ce qui a favorisé le développement des coraux et de la vie
aquatique - rudistes).
Au début du tertiaire (éocène),
soulèvement progressif des Alpes et retrait de
Ce soulèvement des massifs subalpins est trop rapide pour que l’Isère et l’Arc creusent suffisamment leurs lits et leurs cours vers l’W sont interrompus. Elles s’écoulent vers le S à l’E de la Chartreuse pour retrouver la Durance en amont de Grenoble. Le creusement du Grésivaudan a d’abord été fluviatile.
Durant toute cette période jusqu’à la fin du miocène, les débris de l’érosion des massifs alpins d’alors (molasses et conglomérats) s’accumulent dans le Dauphiné et dans le sillon alpin. Comme le Vercors et la Chartreuse se sont formés avant la surrection de Belledonne, formation de véritables deltas molassiques vers Voiron et La Tour du pin. Cet historique montre bien que la cluse de l’Isère n’est pas une faille mais le résultat de l’érosion par la Durance lors du soulèvement de la Chartreuse et du Vercors.
Le
soulèvement ultérieur (5Ma) des massifs cristallins externes (Ecrins,
Belledonne) entraîne une interruption du cours de la Durance, celle ci s’écoule
désormais vers le S et la vallée qui monte au Lautaret est maintenant drainée à
l’E par la Guisane qui vient alimenter
L’histoire du Grésivaudan qui a débuté par une érosion fluviatile se poursuit par une phase glaciaire. La latitude de la région est trop basse pour que la région soit prise par les glaces mais avec l’altitude, des glaciers très importants se forment dans les Alpes lors des deux dernières glaciations et descendent dans les vallées. Les vallées de l’Isère et du Rhône accueillent de grands glaciers qui sont alimentés par ceux des vallées annexes qui débouchent; par exemple la vallée du Drac est prise par un glacier qui remontait jusqu’au col du Fau. Les glaciers du Riss ont l’extension la plus importante (jusque vers Beaurepaire) et les vallées fluviatiles deviennent des vallées glaciaires. La glaciation du Würm est tout aussi importante mais comme elle bénéficie du creusement du Würm, elle a une extension géographique moindre. Lorsque l’on a la vue sur la mer de nuages sur Grenoble depuis la Chartreuse ou le Vercors, on a une idée de l’emprise de ces glaciers.
II - Les Argiles d’Eybens.
L’histoire commence au secondaire.
Entre 250 Ma et-65 Ma dépôts calcaires plus ou moins argileux dans les cavités
étroites formées par les blocs basculés. Après –65Ma, avec la fermeture de
Téthys s’est l’orogenèse alpine et il y a le serrage des couches marno
calcaires qui sont plissées.
Ensuite les glaciers du
quaternaire ont entamé ces couches en laissant latéralement après l’épisode
Riss les collines bordières.
Lors de la période interglaciaire
Riss – Würm, il y a un réchauffement avec un climat certainement plus chaud que
ce que nous connaissons aujourd’hui. Le glacier de l’Isère remonte vers la
source laissant dans le Grésivaudan une profonde entaille. Un lac se forme et
de grandes quantités de produits d’érosion se déposent sur plusieurs centaines
de mètres d’épaisseur. Parmi ces dépôts lacustre, les argiles d’Eybens jusqu’à
la cote 360m.
Lors de la glaciation du Würm, le
glacier de l’Isère déblaie les dépôts lacustres et surcreuse le Grésivaudan
jusqu’à la cote de –300m. Le glacier est moins élevé en altitude que celui du
Riss (à Eybens, il ne monte que jusqu’à la cote 250) car il bénéficie du
creusement de celui-ci, ce qui explique aussi que la glaciation du Würm ne se
soit pas étendue dans la plaine jusqu’à Beaurepaire, même à son paroxysme (Würm
II –50000ans).
Le glacier du Würm avait une
épaisseur de l’ordre de 1300m vers Grenoble et il a laissé des blocs erratiques
à St Nizier. Ce glacier se déversait dans les vallées adjacentes et lors de son
retrait, il a laissé des vallées sèches comme au Pas du curé dans le Vercors.
A la fonte de ces glaciers,
apparition d’un nouveau lac dans lequel l’Isère dépose des alluvions jusqu’à la
cote de 200m. Dans cette phase, des
argiles se sont aussi déposées, on les trouve lors de forages. Dans un deuxième
temps les dépôts ont été de plus grosse granulométrie car le torrent était plus
important.
L’église d’Eybens est construite
en briques faites avec l’argile d’Eybens.
Les glaciers du Rhône et de l’Isère
ont largement creusé l’un l’avant pays alpin, l’autre le sillon alpin depuis la
Suisse jusqu’au Trièves au Riss et à Sinard au Würm. Au Würm, le retrait des
glaciers s’étend de –20000 à –12000ans et le Trièves est colmaté par des
argiles lacustres. Ce recul se fait par saccades en laissant des moraines et
des lacs (grand lac de Moirans par exemple). Le Drac et la Romanche ont ensuite
ré entaillé les alluvions. Le lac du Grésivaudan s’est comblé très rapidement,
le lac d’Annecy et du Bourget n’ont pas encore fini de se combler.
Belledonne s’est soulevé lors des
glaciations, ce soulèvement accentue la profondeur du Grésivaudan et l’abrupt des collines bordières.