Les
13/14/15 septembre 2006
Dommage, la météo ne fut pas très
bonne mais nous avons à peu près fait ce qui était prévu, le plaisir des yeux
en moins et l’eau en plus.
Origine de nom de
Le 13 septembre.
I - Remontée de la vallée de
Jusqu’à Saint Jean de Maurienne,
nous traversons le socle métamorphique des massifs externes de l’extension nord
du massif de Belledonne.
A Saint Jean nous entrons dans une
zone où les nappes de charriage se succèdent, la première correspond au domaine
ultradauphinois. Chaque nappe de charriage est séparée de la précédente par une
couche de gypse. L’ultradauphinois comprend au dessus du gypse des schistes
noirs du lias et des flyschs des aiguilles d’Arves.
A titre de comparaison, la zone
qui débute à St Jean de Maurienne correspond aux 3 Evêchés sur la route du
Lautaret. La vallée de
Au niveau de
Au niveau de ce dernier verrou
(Pas du Roc) et jusqu’à Modane la zone briançonnaise externe remplace la sub
briançonnaise. Le relief est moins accidenté dans des terrains du carbonifère,
cette zone briançonnaise est aussi appelée zone houillère (c’est un anticlinal
avec du carbonifère Wesphalien et Stephanien ; quelques mines d’anthracite
ont été exploitées, surmontant du carbonifère plus ancien, stérile). Dans la
coupe Romanche, Guisane plus au sud, cette zone est située vers Serre
Chevalier. Le massif de Péclet Polset est dans le houiller constitué de
schistes et de grès noirs et de conglomérats. Ces terrains ne sont pas toujours
très stables : il y a eu dans cette zone (il y a 10 ou 20 ans) un
important glissement de terrain qui avait barré la vallée.
A l’entrée de Modane (fort du
Sapey), on quitte la zone houillère (briançonnais externe) pour entrer dans
A la sortie de Modane la couche de
gypse est tellement épaisse qu’elle constitue à elle seule une nappe :
cette nappe du gypse passe sur le briançonnais et sert de semelle à la nappe
des schistes lustrés, ils apparaissent à Bramans. Le gypse est tellement
abondant que de nombreuses carrières ont été ouvertes pour fabriquer du plâtre.
Ce gypse a été déshydraté en profondeur pour donner de l’anhydrite mais il a
été réhydraté en remontant. Les schistes lustrés constituent les sommets de la
pointe Lamey, de la pointe des Ronces et de l’Albaron. Les affleurements de la
zone des schistes lustrés concernent le plancher océanique hormis dans l’Ambin
où affleure la marge continentale de la zone interne. La nappe de gypse monte
jusqu’au col du Mont Cenis. Avant la construction du barrage, le lac du Mont
Cenis existait dans un entonnoir de dissolution du gypse. Cette imposante nappe
de gypse proviennent d’un domaine intermédiaire entre le briançonnais classique
et le piémontais.
Au delà de Modane, la vallée est
plus large car creusée dans les gypses, sur les flancs des aiguilles
déchiquetées de cargneules jaunes sont visibles au dessus d’affleurements de
gypse. Au dessus des forts de l’Esseillon, on devrait voir (en l’absence de
nuages)
Vers Bramans on peut voir d’impressionnants affleurements de gypse. Les terrasses fluvio glaciaires sont visibles dans la plaine de Bramans.
Le glacier de l’Arc se jetait dans le glacier du Doron de Termignon comme le montre le gradin de confluence entre les deux vallées.
II – Randonnée
au refuge du Plan du Lac.
Panorama depuis les rognons glaciaires au dessus du refuge.
Le plan du lac est un plateau correspondant au fond d’un glacier avec des
rognons de micaschistes et de cargneules.
Le Doron de Termignon entaille fortement le plateau du Plan du Lac,
ceci s’explique par une érosion qui se produit au fur et à mesure de la
surrection de cette zone. Au delà, le Dôme de Chasseforet est constitué des
micaschistes ante permien du socle briançonnais (c’est un des rares
affleurements de ce socle externe avec celui de l’Ambin). Sur ce socle
continental interne, on trouve les rochers de quartzite triasique du Pelve et
ceux de
Ordre normal de la zone
briançonnaise : socle, quartzite, dolomie (trias très épais), absence de
lias dans le briançonnais et jurassique. Il y a un contact anormal entre les
micaschistes du Dôme de Chasseforet et la nappe du Pelve et de
Coupe très
simplifiée
Lias sur trias : contact
anormal mais d’un point de vue stratigraphique et non paléogéographique. La
zone du Plan du Lac est une fenêtre dans la nappe de
La pointe de
On trouve donc dans l’ordre :
1 - Le
socle (en fait un faux autochtone qui est une écaille) du primaire
2 - La
nappe du Pelve de quartzite est briançonnaise. Au sommet de
3 - La
nappe de
4 - La
nappe du gypse triasique qui appartient aussi au briançonnais
5 - La
nappe des schistes lustrés du liguro piémontais. Elle a jadis recouvert les
nappes briançonnaises mais elle a été fortement érodée depuis, klippe du Mont
Jovet plus au N.
Le schéma ci-dessous illustre la position originelle de ces couches des plus externes vers les plus internes. Les nappes briançonnaises ont été charriées sur de grandes distances approximativement du SE vers le NW.
Le lias dans le briançonnais est une particularité de la région: l’île briançonnaise était traversée par un sillon profond ayant permis le retour de la mer au lias et la formation des dépôts correspondants. Ce sillon n’existe pas dans le Dauphiné.
A noter au dessus du refuge du Plan du Lac les aiguilles de
Lanserlia : prolongement oriental de la nappe de
A la base du monolithe, on voit
clairement qu’il est constitué d’une brèche avec des éléments de cargneules et
de dolomies. Ce monolithe est dû à la mise en place de la nappe du gypse.
1 – la nappe de gypse se met en place au-dessus des dolomies
briançonnaises et provoque une fissuration. L’eau séléniteuse s’infiltre dans
la dolomie, dissout la dolomie. Il y a reprécipitation du carbonate de
calcium dans les fissures sous forme de calcite ce qui forme les cargneules, le
sulfate de magnésium très soluble ne reprécipite pas.
2 – les glaciers provoquent l’érosion de la nappe de gypse
et du dessus des cargneules et créent des éboulis de dolomies et de cargneules.
3 – il y a ensuite induration locale et plus ou moins totale
de ces éboulis qui donnent ces monolithes suite à l’érosion.
Ce relief est à rapprocher de
A proximité le village d’Aussois
est bâti sur la dolomie qui recouvre la quartzite. C’est dans ces couches dures
que l’Arc a percé le verrou sur lesquels sont construits les forts de
l’Esseillon le fort Marie Christine, plus élevé est sur les dolomies.
Au dessus de Modane vers Aussois,
toute cette zone est constituée de gypse à l’exception de quelques gros blocs.
Ce gypse appartient à
Au-dessus du Roc Tourné, le rocher
du Bourget est aussi un « bloc – klippe »où affleure une série
briançonnaise typique complète du trias au paléocène. La partie gauche du roc
est constituée de quartzite triasique et à droite on voit clairement une bande
plus sombre de calcaires du dogger. Le lias est donc absent. Un examen détaillé
montrerait que la surface du trias est une surface d’érosion et que le dogger
s’est parfois déposé sur les éboulis triasiques. La partie la plus à droite
sont des marbres chloriteux du crétacé. Ce roc appartient à la série
briançonnaise de
La cicatrice de Chavière qui parcourt les vallées qui vont
de Modane à Pralognan via le col de Chavière est la limite entre
V – Maison
penchée au-dessus de Modane.
Pour finir la journée petit tour jusqu’à la maison penchée : c’est un blockhaus qui a été projeté en l’air lorsque les allemands ont fait sauter l’entrée du tunnel vers l’Italie. Comme il est très penché et que le point bas est un angle, se déplacer à l’intérieur est difficile.
En face, coté Vanoise, la zone
houillère à l’ouest de Modane se termine par des grés détritiques légèrement
métamorphisés, ce sont les gneiss du Sapey (nom du fort qui est à proximité).
Il y a eu 4 étapes tectoniques :
-
les nappes s’empilent le unes sur les autres du SE vers
le NW. Décollement de la couverture briançonnaise de son socle cristallin
ou soubassement houiller.
-
Charriages vers le N et plissement vers le N – NW
-
blocage du charriage et formation de plis rétro déversés
vers le S ou SE
-
soulèvement de l’ensemble.
Le 14 septembre. (temps particulièrement humide)
Plus haut, des terrasses fluvio glaciaires,
légèrement inclinées dans le sens de la vallée sont identifiables.
I - Montée au col et
lac du Mont Cenis.
Arrêt dans la montée au col du
Mont Cenis au-dessus de Lanslevillard. En face dans les pentes du Grand Roc
Noir, fenêtre très visible dans les schistes lustrés au-dessus de Lanslevillard
laissant apparaître des dolomies triasiques. Cette fenêtre s’ouvre dans un pli
rétroversé.
Beaucoup de brouillard et de pluie
au col empêchant toute vue. Le lac est visible avec l’affleurement de gypse sur
le bord. Le gypse est soluble mais la dissolution a température ambiante est
très lente mais le gypse est imperméable ce qui explique le lac.
II – Rocher du Château.
Au-dessus de Lanslevillard, la
route vers Bonneval traverse une zone d’éboulis avec des blocs énormes qui
forme le petit col de
Depuis Villaron, petite balade à
pied sous la pluie jusqu’au Rocher du Château. Cet énorme bloc, incorporé au
terrain de schistes lustrés est constitué d’ophiolites (serpentinites) comme
les blocs et affleurements sombres de l’autre versant de la vallée. Cette roche
provient de la métamorphisation des roches du plancher océanique de l’ancien
océan alpin. Des peintures rupestres préhistoriques de l’age du fer existaient
sur ce bloc de serpentinite mais elles sont devenues presque illisibles. Sur le
coté, les restes d’une exploitation de carrière peut de voir une coupe de ces
serpentinites.
Les lauzes des toits étaient extraites dans les schistes lustrés d’une carrière située au-dessus du village en direction du col de l’Iseran. Maintenant elles sont importées du Piémont.
Le mauvais temps nous prive de la
balade au hameau de l’Ecôt mais des blocs sont visibles à la sortie de
Bonneval. Il s’agit d’orthogneiss (méta granite) du socle piémontais. Ce sont
des « gneiss œillés » avec de gros cristaux porphyriques blancs
d’orthose, la macle de Carlsbad est reconnaissable. . Pour mémoire, lorsque
tous les cristaux sont de taille importante, on a affaire à une pegmatite. Ces
gneiss et granites appartiennent au massif granitique du Grand Paradis. Celui
ci n’est pas le socle des schistes lustrés qui reposaient sur les serpentinites
du plancher océanique sont passés au dessus de ce massif granitique. Ce massif
hercynien se situant au jurassique sur la marge européenne à la limite du
plancher océanique de Téthys.
La mauvaise météo nous a privés de
la montée à l’Ecot et au col de l’Iseran.
Le 15 septembre.
I – Aussois la carrière des Lozes.
Cette carrière a été exploitée dés
la préhistoire et des gravures sont encore (à peine) visibles. La couche inférieure
est du marbre blanc du jurassique moyen avec au-dessus du marbre plus foncé du
jurassique supérieur et du crétacé (plus marneux, il est dit marmoréen ou
marbre cipolin). Ces couches de marbre reposent en discordance angulaire sur
des dolomies triasiques légèrement métamorphisées. Nous sommes en présence d’un
reste de la phase de rifting continental du début de la formation des
Alpes ; c’est la tectonique de ce rifting qui a fait basculer entre la fin
du trias et le jurassique moyen le bloc sur lequel reposait la dolomie.
II – Saint
Michel de Maurienne.
Montée dans les premiers lacets de la route menant
aux Karellis pour voir les affleurements de
L’ultradauphinois (UD) est sous les
calcaires jurassiques et il repose sur les flyschs nummulitiques des aiguilles
d’Arves. De gros blocs du jurassique et du crétacé de la zone sub briançonnaise
(SB) sont emballés dans l’UD. Un tel ensemble est appelé olistostrome et les
blocs des olistolites. Lorsque la nappe SB s’est avancée dans un bassin marin
en cours de comblement comportant des flyschs du type des aiguilles d’Arves.
Des blocs de SB se sont détachés de la nappe au front de celle ci et se sont
incrustés dans les flyschs.
La nappe SB s’est donc déplacée au
fond de la mer nummulitique ce qui permet la datation au paléogène (paléocène,
éocène, oligocène).
Le domaine valaisan s’intercale, par le nord entre la zone houillère et le subbriançonnais et la série stratigraphique y redevient complète.
Carte d'ensemble
très schématique de
III – Col du Glandon.
La faille d’Ornon se prolonge au
nord par la vallée d’Olle, le col du Glandon, la vallée de Villard puis le col
de
Le col de
Le massif du Rissiou appartient
géologiquement à Belledonne. C’est le torrent de l’Eau d’Olle qui a cet endroit
pénètre dans le massif cristallin plutôt que d’entailler les roches
sédimentaires à la limite des roches cristallines.
L’Oisans est le bassin versant de
IV - Grandmaison.
Le barrage est implanté à l’entrée
du torrent d’Olle dans le massif cristallin: il s’appuie sur ces roches très
stables et résistantes et le réservoir est dans les roches sédimentaires
légèrement argileuse donc imperméables. Lors de la mise en eau, il y a eu des
infiltrations créant notamment de la micro sismicité. Il y a eu plus bas dans
la vallée un éboulement important qui a emporté la route qu’il a fallu refaire
plus loin : il n’est pas totalement certain que ce soit dû à la mise en
eau du barrage qui était en cours mais le doute existe. Ces problèmes sont liés
à ce que le réservoir s’appuie sur le massif cristallin qui est très fracturé
du fait de la compétence (perméabilité en grand), des injections de mortier ont
été nécessaires.
Le barrage proprement dit est un barrage poids construit avec des matériaux pris à proximité, les gros blocs d’enrochement de surface sont pris dans la carrière en dessous du barrage, la terre argileuse qui forme le noyau étanche dans une carrière au dessus de la retenue…
Plus bas sur le bord de route, des
affleurement plus clairs sont visibles : il s’agit de filons de micro
granite très légèrement étiré pris entre des gneiss ou des amphiboles. Ce sont
des fuites dans la chambre magmatique du pluton granitique des Sept Laux qui
remontaient au-dessus de celui ci.
Encore plus bas des affleurements montrent des gneiss enrobés dans du granite : ce sont des gneiss qui ont été portés aux condition d’anatexie et qui ont subi une fusion partielle mais le magma n’a pas pu s’échapper et il a recristallisé sur place : ce sont des migmatites.