LA SAVOYARDE

12/11/07

C’est la seconde sortie à la Savoyarde mais celle-ci est accompagnée de M Gidon et beaucoup plus riche géologiquement parlant.

Documents préparatoires fournis par M Gidon :

http://www.geol-alp.com/bauges/_lieux/Savoyarde.html
http://www.geol-alp.com/bauges/_lieux/la_thuile.html
http://www.geol-alp.com/bauges/_lieux/montmelian.html

Le contenu du compte rendu est limité aux notes prises au fil de la randonnée, l’essentiel et tout le détail étant dans les documents ci dessus, j’ai repris certains schémas pour une meilleure compréhension.

1 - Présentation sur le parking à la sortie Montmélian de l’autoroute.

De ce parking, bonne vue sur toute l’extrémité SE des Bauges. Ce massif a bien des analogies avec les massifs de la Chartreuse et du Vercors dont il est le prolongement au N. Le tithonique affleure sur les sommets de la Savoyarde et du Rocher du Guet comme au St Eynard et au Rachais en Chartreuse.  L’urgonien couronne la plupart des sommets, à l’Arclusaz par exemple comme la Dent de Crolles en Chartreuse.

La barre de calcaire tithonique présente un certain nombre d’ondulations, ce sont des accidents mineurs (failles et plis dysharmoniques) au sein d’un grand pli recouvert par l’urgonien (synclinal des Aillons) non visible depuis la vallée vers Montmélian et qui se prolonge jusqu’à Annecy. Comme l’axe de ce pli plonge vers le N, les reliefs en limite de la Combe de Savoie plus élevés ont été plus érodés et l’urgonien a disparu.

Le Rocher de la Manette correspond au flanc W de l’anticlinal et les couches sont pratiquement redressées à la verticale, un peu plus à droite sous ce rocher, un affleurement triangulaire de calcaire tithonique montre des couches très relevées. A l’aplomb du Rocher du Guet, un replat boisé, le Sorplat, repose sur des couches calcaires presque horizontales comme la barre sommitale. Il y a une répétition des formes des couches de tithoniques entre la barre supérieure formant le sommet du Guet et le niveau du Sorplat : ceci est dû à un décrochement appelé le décrochement du Sorplat orienté NE-SW. Il est très probable que ce décrochement qui se perd sous les terrains quaternaires de la trouée de Chambéry soit le prolongement du décrochement de l’Alpette sur le flanc E du Granier ; ces deux décrochements sont dextres.

Juste en face de nous, le Rocher de Montmélian est de calcaire tithonique et Kimméridgien à faible pendage et il se trouve entouré d’alluvions. Ce rocher pourrait être un paquet effondré, les autres blocs plus petits ayant été entraînés ou érodés par les glaciers. Il paraît plus vraisemblable de penser à un second décrochement, identique à cela du Sorplat mais il n’a jamais été mis en évidence.

2 – Arrêt en dessous du village de Chignin.


Au milieu du calcaire tithonique, un diverticule de marnes remonte jusqu’à la chapelle du Mont St Michel. Le tithonique forme les hauteurs de chaque coté: à l’W, les hauteurs portant les tours de Chignin qui sont ce qui reste du flanc W de l’anticlinal de la Boisserette; à l’E, le Montgelas. L’anticlinal de la Boisserette est en relief inversé, comme son axe s’enfonce vers le N cela explique pourquoi le tithonique ferme la vallée vers le N.


Les plis des Bauges ont des axes non parallèles à la direction de la chaîne de Belledonne. La surrection de celle-ci a entraîné une remontée de l’extrémité S des plis des Bauges et de Chartreuse ce qui explique leurs axes plongeant vers le N.

La trouée Montmélian Chambéry est bien une cluse au niveau de Chambéry (elle est alors perpendiculaire à l’anticlinal), par contre à l’E de Chambéry elle prend une orientation plus proche de l’axe N-S qui correspondrait plutôt à un synclinal dont le flanc E a été érodé.

3 – Arrêt au dessus de Curienne.

Belle vue sur la haute vallée de la Leysse avec le village des Déserts. Contrairement à ce qui fut longtemps considéré, la vallée des Déserts n’est pas un synclinal mais un monoclinal. A droite de cette vallée se succèdent le Margeriaz, le Cety et la Gallopaz.

Le Margériaz est une plateforme urgonienne qui avance sur des grés de l’oligocène: c’est le chevauchement du Margériaz qui est à l’origine de la vallée des Déserts. Au dessus des couches chevauchées, la falaise de calcaire du Fontanil est reconnaissable par sa teinte orangée.

Le Mont Céty couronné d’urgonien poursuit le flanc W du synclinal des Aillons. Par contre le sommet urgonien de la Gallopaz que nous voyons au second plan est le flanc E de ce synclinal.

Plus au S par rapport à notre pré d’observation, le Montgelas nous surplombe. La falaise calcaire tithonique du sommet se double d’une second falaise tithonique un peu plus bas: c’est le chevauchement du Montgelas .

Ce chevauchement se prolonge au S par le chevauchement E de la Chartreuse. Ce chevauchement de l’E de la Chartreuse se poursuit en un chevauchement central du massif des Bauges. Plus au N, il se poursuit par le chevauchement du Margeriaz vu précédemment et il rejoint plus haut le flanc W du synclinal des Aillons.

L’axe des plis plonge vers le N ce qui est la cause de la disparition du plateau urgonien au S de massif alors qu’il se retrouve plus au N. Ces plis ont été relevés au S par l’élévation du massif de Belledonne qui a en quelque sorte soulevé l’extrémité des plis ; ces axes de plis redeviennent horizontaux plus au N après une inflexion marquant une forme similaire à un synclinal mais parallèle cette fois à la chaîne de Belledonne.

4 – Arrêt entre Montoux et Nécuidet

A ce niveau, nous sommes sur les prairies au fond du vallon sur le berriasien avec au dessus à l’W le flanc E du Montgelas. Les dalles de calcaire tithonique sont bien visibles avec leur pendage > 40° avec un éboulement correspondant à un glissement couche sur couche, elles constituent le flanc W du synclinal des Aillons.

5 – Randonnée à la Savoyarde au départ de Nécuidet.

            Presque à la fin de la montée au Roc de Tormery, le sentier qui grimpait dans la forêt pour déboucher sur une prairie en légère dépression. Un peu au-delà la pente ascendante reprend et il y a de nouveau des arbres. Dernier élément, la prairie a la forme d’un croissant posé sur le plan incliné qui la surplombe. Le plan incliné au dessus de la prairie est le calcaire tithonique, peu fertile, couvert d’arbustes et d’herbes ; cette zone n’est pas exploitée car la terre est peu épaisse et le rocher très proche de la surface. Au dessous nous montions dans la foret couvrant le berriasien. A la limite du berriasien et du tithonique (couche supérieure du tithonique), il y a une couche peu épaisse de calcaire avec juste ce qu’il faut d’argile pour être fertile : cette zone a été défrichée et est exploitée. Sa forme en croissant correspond bien à une forme d’érosion d’une couche peu épaisse et plus tendre sur un plan incliné de rocher. Cette même couche a été exploitée Porte de France pour faire le ciment.

5a – Roc de Tormery

Quand les nuages se déchirent nous avons une bonne vue sur la ville de Chambéry. La ville est construite dans la cluse qui coupe l’anticlinal tithonique de Lemenc (dernière colline dans Chambéry appartenant aux Bauges dans le prolongement de Verel) qui plonge vers de S. Celui ci se poursuit au S par l’anticlinal de Montagnole qui se prolonge jusqu’à l’anticlinal de Perquelin. Le chevauchement oriental de la Chartreuse qui est le prolongement du chevauchement du Moucherotte se prolonge au N de Chambéry par le chevauchement frontal des Bauges. Les plissements de la Chartreuse orientale se prolongent dans les Bauges, ceux de la Chartreuse occidentale se retrouvent dans les massifs jurassiens méridionaux.

Au NW, La falaise tithonique du Montgelas présente bien le redoublement de la falaise tithonique. Les strates sont pratiquement relevées à la verticale, ceci montre que le chevauchement c’est produit dans une première phase et c’est seulement avec le plissement qui a entraîné la formation du synclinal des Aillons que ces couches ont été relevées.

            Au SE la face du Granier montre bien la zone de l’éboulement de 1248 avec des blocs qui ont été entraînés jusqu’au lac St André et jusqu’à Myans.

            A l’W, la croix du Nivolet est visible à l’extrémité d’un plateau urgonien.

Au N de notre point de vue derrière le lac du Bourget, la montagne de Charves et la Dent du Chat appartiennent au Jura. Le calcaire jurassien est majoritairement bioclastique et moins chargé en marne que les calcaires alpins, ces couches jurassiennes s’étendent vers l’E en étant de moins en moins épaisses, les couches de calcaires du Fontanil que l’on retrouve au pied du Margeriaz et dans l’W des Bauges en sont la prolongation, les dernières couches peu épaisses se rencontrent au niveau du Rocher de la Sauge. Ces couches correspondent à des coulées depuis la plateforme jurassienne vers les fond alpins. Plus à l’E, il n’y a pas de calcaire du Fontanil. Le calcaire des Alpes n’est pas bioclastique, il correspond en majorité à des dépôts qui sont plus argileux. Le calcaire jurassien est berriasien, le calcaire du Fontanil est principalement valanginien mais aussi partiellement du berriasien sup.

La différence d’orientation des couches entre le Montgelas et le Rocher du Guet est à relier à la proximité de l’axe du pli. Pour trouver l’autre versant du synclinal il faut aller au Mt Charvet.

Le synclinal présente des ondulations entre le roc de Tormery et la Savoyarde, nous les avons vu depuis le parking à la sortie de l’autoroute, ce sont des plis dysharmoniques qui se sont formés avec le synclinal des Aillons, les failles ont une inclinaison vers le centre du synclinal ce qui signifie qu’elles existaient avant le plissement.

5b – Le Tapin

Le sentier qui monte au Tapin depuis le col qui le sépare du rocher de Tormery parcourt une dalle pentue de tithonique appelée « la dalle à Henri ». Cette dalle a été érodée lors de sa constitution (dépôt) par des courants sous marins qui sont responsables du relief accidenté de cette dalle. Cette érosion est confirmée par la présence de blocs de conglomérats résultant de cette érosion.

Dans le Vercors les plis sont larges et bien formés, dans la Chartreuse ils sont plus marqués et plus resserrés, dans les Bauges ils sont au moins aussi serrés que dans la Chartreuse et un certain nombre sont partiellement couchés et dans le massif de Sixt ils sont franchement couchés: ceci est dû au serrage (contrainte et raccourcissement) qui est de plus en plus important et en biais (SE vers NW) en remontant vers le N. Ce serrage est maximum au Simplon (raccourcissement + cisaillement). Vers Sixt et les Bornes, les couches se sont montrées plus plastiques que plus au S ce qui témoigne d’une température et d’une contrainte plus élevées.

L’urgonien constitue la couverture du synclinal des Aillons. Au S du pic de la Sauge il a été retiré par l’érosion. Par contre, depuis notre point d’observation, il est très visible qu’il en constitue la couverture au N de ce pic et principalement en son centre.

            L’identification des couches constituant le Pic de la Sauge et son assise révèle une faille au contact des marnes de Narbonne. Le suivi de cette faille montre une forme arrondie sur prés de 90°. Au N elle est dans l’axe du synclinal et après le pic de la Sauge elle rejoint le vallon de la Crousaz après un parcours horizontal. Ce tracé de faille est tel que soit son fonctionnement aurait dû être bloqué soit des espaces vides auraient dû apparaître ce qui n’est pas le cas. En fait cette faille est plus ancienne que le synclinal et elle a été déformée lors de la formation de celui ci.


Au niveau du Mt Céty, cette faille décale les couches d’urgonien et de sénonien mais elle n’affecte que partiellement le nummulitique et des dépôts nummulitiques se retrouvent sur le miroir de faille: cette faille est syn nummulitique et la faille ante nummulitique.

On remarque que le Sénonien n'existe que sur le flanc E du synclinal : sur son flanc W le nummulitique repose directement sur l'Urgonien. Ceci est dû au jeu ante nummulitique


de la faille du Mt Céty (f.C).


La présence de grés est synonyme d’érosion. Les grés qui se trouvent au dessus des marnes nummulitiques signifie que le rivage de la mer nummulitique était à ce niveau : grés émergés ou légèrement immergé dans la partie proximale du rivage.

La dépression de la Thuile a été creusée par une langue glaciaire issue du glacier de l’Isère. Lors du retrait glaciaire, l’eau des torrents ou de la fonte de la glace s’est trouvée bloquée et retenue avec les alluvions charriés. Des alluvions périglaciaires se retrouvent jusqu’au niveau du village de Nécuidet.

            La nappe de calcaire du Fontanil du Pic de la Sauge est la plus orientale des Bauges et des massifs subalpins plus au S, il est à noter que son épaisseur diminue fortement dans cette zone.

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