Stage en Provence du 7 au 10 avril 2008 animé par W.Fischer

1er jour :  Aix en Provence

-Les fossiles d'oeufs de dinosaures
De Grenoble nous nous dirigeons vers Aix en Provence en passant par la vallée du Rhône. Nous rejoignons directement le site de Roques-Hautes où nous attend Monsieur Yves Dutours, conservateur du Muséum d'Histoire Naturelle d'Aix en Provence.

Le gisement de Roques-Hautes constitue l'un des gisements d'oeufs fossiles les plus riches et les plus intéressants du bassin d'Aix-en-Provence. Le gisement est situé au pied de la Montagne Sainte-Victoire sur la commune de Beaurecueil . Signalé dès 1947 par A. F De Lapparent, il offre une coupe stratigraphique presque complète des niveaux du Maastrichtien continental .Cette coupe naturelle, d'une puissance de plus de 200 mètres, a livré des oeufs fossiles appartenant à des types très divers, ainsi que de nombreux ossements de dinosauriens. Le gisement couvre l'ensemble de la zone située au pied de la montagne. Le secteur cultivé occupe la partie centrale du site. Il est aménagé dans des argiles rouges du Rognacien inférieur (Maastrichtien supérieur).

  La montagne Sainte-Victoire

Document réalisé par Yves Dutour

La carrière de marbre

En début d'après-midi, avant de rejoindre notre car nous passons par une carrière de « marbre »

Ce marbre est en réalité une brèche dite « du Tholonet » ancien éboulis aux débris anguleux venus de l'érosion et réunis ensuite par un ciment rougeâtre. Il était utilisé en plaques pour garnir des cheminées et des dessus de table.

Le Muséum d'Histoire Naturelle

La façade du bâtiment à été réalisée en grès provenant de la carrière de Bibémus chère à Cézanne

Nous visiterons les salles d'expositions permanentes sur la paléontologie

Une première salle présente, dans leur environnement, des reconstitutions des différentes espèces de dinosaures de Provence, un squelette quasi complet de Rhabdodon ainsi qu'un moulage grandeur nature d'un squelette de Titanosaure découvert dans la région d'Aix. Deux dioramas mettent en scène des reptiles marins et volants ainsi qu'un petit dinosaure du jurassique : le compsognathus.

Une deuxième salle est essentiellement consacrée à la reproduction des dinosaures. Un squelette d'Allosaure nous invite à découvrir des oeufs fossiles provenant de la région d'Aix ainsi que d'autres parties du monde, des moulages, des maquettes d'embryons et de petits dinosaures.

LIEN.Site du Muséun d'Histoire Naturelle d'Aix en Provence

2ème jour: Le bassin de Forcalquier


La carrière de lignite de Saint-Maime

Pour se rendre sur le site de la carrière de Saint-Maime en partant de Saint Etienne les Orgues, on traverse d'abord plein sud les formations oligocènes, puis, après Forcalquier, situé sur le Miocène avec ses bancs calcaires, on longe les marnes pyriteuses miocènes pour retrouver l'Oligocène entre les villages de Dauphin et Saint-Maime. On vient donc de traverser le synclinal de Forcalquier.

En direction du SE, à quelques kilomètres de ces villages, on voit s'élever le Rocher de Volx avec ses bancs de calcaires bioclastiques du Barrémien, étrange table à piano crétacée qui domine tout le paysage.

Sur le chemin qui monte vers la mine on rencontre une succession de calcaires à plaquettes argilo-calcaires avec des passées de grès, plaquettes plus ou moins épaisses, centimétriques, et qui dégagent une forte odeur d'hydrocarbure si on en soumet un morceau à la flamme d'un briquet. « On dirait l'odeur d'un vieux moteur diesel qui démarre », fait remarquer l'un d'entre nous. Ces hydrocarbures occlus furent autrefois exploités, mais la rentabilité était celle d'une époque de pénurie.

Le pendage général NW nous indique bien que nous sommes sur le bord sud du synclinal.

Sur une plaque isolée, non en place, on remarque des ripple-marks, sur une autre plaque éboulée on peut voir des traces de feuilles qui ressemblent à des palmes, de tiges et de débris organiques inidentifiables en première analyse.

Sur le carreau de la mine, les anciens bâtiments et le chevalement sont encore en très bon état. Un panneau recto verso explique le rôle et l'histoire de la mine.

Un sentier qui part sur la droite permet d'atteindre la coupe de l'ancienne exploitation, 200 mètres de large et une cinquantaine de mètres de hauteur. En prenant un peu de recul, on peut étudier la succession stratigraphique. L'œil est d'abord attiré par le banc de lignite gris noir qui court tout le long de la coupe et dont l'épaisseur varie de deux à cinq mètres. Ce banc est pris successivement, entre des litages marneux où l'on peut trouver quelques plaques de gypse, entre des calcaires à blocs, et des strates métriques de grès très diaclasées dont les interstices sont remplis de calcite et parfois de rognons siliceux de type silex La série se termine vers le haut par des niveaux de calcaire à gros blocs.

Des slumps métriques apparaissent aussi dans la coupe, dans les niveaux plus schisteux.


Tous ces arguments militent pour des formations sédimentaires obéissant à des épisodes tantôt lacustres, tantôt maritimes.

Quittant la carrière vers le SE, on passe le long du Rocher de Volx, on traverse la faille de la Durance masquée par les alluvions, pour se rendre vers les terrasses alluvionnaires et faire un arrêt dans l'Oligocène des Tourraches  : on y rencontre de la brèche de roches sédimentaires détritiques formée de calcaires à pâte fine et de blocs argileux du Néocomien. Ces brèches -on dit aussi mégabrèches- compte tenu de leur importance, ont été formées à partir de rejeu de la faille de la Durance qui a pu affecter toutes les formations de part et d'autre. Cette faille, jouant en extension ou en compression, avec des rejets plus ou moins importants a été à l'origine d'un volcanisme miocène (volcan de Beaulieu) et aussi de tremblements de terre (Lambesc et Rognes, 1909, intensité 9).

La matinée se termine par la montée à la Citadelle de Forcalquier  : Miocène marin de la transgression avec abondance de calcaires coquilliers. Le sentier laisse apparaître de beaux bivalves, pectens par exemple.

Les édifices des Mourres

 

Quittant Forcalquier en direction du nord, on remonte à la fois dans le temps et en altitude pour retrouver l'Oligocène sur la face nord du synclinal, mais cette fois-ci avec un pendage SE.

Au bout de la route, en cul de sac, on est surpris à la vue d'édifices calcaires en forme de champignons, s'apparentant souvent à des morilles de hauteurs plurimétriques, distribués dans un large paysage, légèrement pentu SE.

On est dans la partie supérieure de calcaires très argileux de l'Oligocène. L'ensemble de ces champignons fait partie d'une même stratification, c'est-à-dire que de la base au sommet de chaque champignon on retrouve la même stratigraphie. Si l'on suit le plan de base qui réunit les chapeaux de champignons, on retrouve le pendage SE du synclinal, mais qui s'atténue légèrement, n'étant plus que d'une dizaine de degrés.

Le pied du champignon est formé d'un pilier calcaire grisâtre et le chapeau massif, gris foncé à noir, est formé d'une superposition de petites stratifications entrecroisées et inclinées et séparées par des fentes de dessiccation. Le sommet du chapeau, s'il n'est pas trop incliné et plan, ressemble à un petit lapiaz.

La genèse la plus probable de ces formations est la suivante : dans un milieu marécageux, en limite du domaine lacustre, qui parfois l'envahit, des îlots d'algues pluricellulaires (organismes de base procaryotes ou eucaryotes), algues appelées fucus si elles sont brunes, associées à des végétaux, croissent en surface du plan de l'eau. Si le niveau d'eau s'élève assez au-dessus de ces associations que l'on peut baptiser des herbiers, elles meurent, puis s'indurent. Croissent alors « sur leur dos » de nouveaux herbiers, et ainsi de suite, suivant que le niveau d'eau s'élève. Les niveaux les plus profonds se nécrosent d'autant plus s'ils sont envahis par les argiles. Tout cela se passe en phase de transgression. En phase de régression, l'eau enlève les argiles et laisse pour un temps les calcaires qui se stabilisent en carbonates de calcium.

Ces champignons reposent sur une assise massive de calcaires marneux blanchâtres, plus ou moins ondulée et qui présente une érosion de type karstique. La puissance totale de la série (assise + champignons) est de l'ordre de cinquante mètres.

En bordure de cette assise, il est possible de trouver quelques fossiles du groupe de gastropodes, par exemple potamides , turritella ou lymnaea . Ces gastropodes ainsi que des microfossiles de mammifères ont permis de dater les formations des Mourres, à savoir le Rupélien (ex Stampien). Cf. Congrès Géologique International 2004. 

  3ème jour: Roussillon

En attente ....

 

4ème jour: La montagne de Lure

Itinéraire : Saint Etienne les Orgues. Cruis. Château Arnoux .Saint Auban, vallée du Jabron, Noyers sur Jabron, Montfroc, Séderon synclinal d'Eygalayes, Barret le Bas, gorges de la Méouge et retour par la vallée du Buech.

1/ De Saint Etienne les Orgues jusqu'à la vallée de la Durance. L 'itinéraire parcouru se situe sur le versant sud du chevauchement de la montagne de Lure (chevauchement du sud vers le nord)
Après un bref passage sur la formations oligocènes du bassin de Forcalquier et les terrasses récentes de la vallée de la Durance (terrasses recreusées lors de l'épisode Messinien d'assèchement de la Méditerranée ) nous avons remonté la vallée du Jabron.

2/ La vallée du Jabron: la première partie de la remontée de la vallée du Jabron se déroule dans le crétacé inférieur (Berriassien, Valanginien et Hauterivien) du compartiment chevauché. La rive droite est dominée par le chevauchement constitué de crétacé inférieur.

Une barre Tithonique chevauchante est visible en dessous de l'arrête crétacé sup. Parfois des affleurements miocènes sont visibles sous le chevauchement .Ceci donne l'âge de ce chevauchement qui s'est poursuivi après le dépôt du Miocène. Le Tithonique est visible en rive gauche (à droite de notre itinéraire) il s'agit du Tithonique du compartiment chevauché.

Coupe simplifiée de la vallée du Jabron (à l'aval de Montfroc)

Ce Tithonique constitue le flanc sud de l'anticlinal de Séderon.
Entre Montfroc et le col de la Pigière la route coupe une barre de tithonique qui semble être le flanc sud de l'anticlinal de Séderon que nous verrons plus loin.

3/ Anticlinal de Séderon.

Le village de Séderon est installé dans un anticlinal éventré constitué de tithonique avec un cœur de marnes oxfordiennes.
Nota: la forme en « amandes » des anticlinaux et synclinaux suggère la superposition de deux directions tectoniques, 1° les déformations pyrénéo provençales, 2°les déformations alpines.

4/Synclinal d'Eygalayes et vallée de la Méouge; quittant Séderon nous avons traversé la barre Tithonique de fort pendage nord pour entrer dans le synclinal qui forme la haute vallée de la Méouge. Ce synclinal (coupé par plusieurs failles méridiennes et décrochement nord - sud) présente en allant vers son coeur des terrains de plus en plus récents (butte témoin de Chassenayes et Ganson en crétacé supérieur -Turonien) Plus au nord-est sur la route d'Eygalayes on arrive même à trouver des formations tertiaires (Oligocène ) concordantes ce qui permet de dater ces déformations (post oligocènes). Sur le flanc sud de ce synclinal nous avons pu voir des formations datant du Cénomanien et du Turonien. C'est une formation à forte composante détritique (sables siliceux, glauconie permettant la datation).

Ensuite la vallée de la Méouge s'encaisse dans les formations crétacé-supérieur pour atteindre le tithonique où se forment les gorges de la Méouge (site du pont Roman)

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