ALLEVARD et HAUT BREDA.
05 Mai 2008.
Allevard est dans le rameau externe de Belledonne, l'intérêt de cette journée est d'examiner le contact entre rameaux interne et externe.
La vallée d'Allevard est une vallée morte à fond plat au S de la ville ; au N, elle est irriguée par le Breda. En face, la montagne de Bramefarine . A l'E d'Allevard, ce sont les montagnes du socle cristallin, à l'W c'est la couverture sédimentaire. Cette vallée est glaciaire, elle a été creusée par le glacier de l'Arc qui était une branche du glacier de l'Isère. Au Würm, ce glacier passait au-dessus de la montagne de Bramefarine .
Les terrains de cette montagne de Bramefarine sont du jurassique moyen (voir la fig p2, les terrains en blanc sont les restes des moraines quaternaires).
Le Bassin de Flumet est artificiel, il est alimenté en souterrain par des captages de l'ensemble Arc Isère. L'eau est turbinée dans l'usine du Cheylas. Ce bassin se comble très vite avec les vases venant de l'Arc et principalement de l' Arvan . Un exutoire a été créé pour évacuer les crues et une promenade a été créée sur la dalle. Il a été utilisé une fois pour purger le bassin ce qui fut catastrophique pour les poissons.
Au N de la vallée, on voit les Bauges avec dans l'axe la montagne d' Arclusaz . L'ensemble des couches qui forment cette montagne jusqu'au miocène recouvrait la région d'Allevard avant que l'érosion ne fasse son œuvre pendant 15 Ma. Le plissement de l' Arclusaz part de Belledonne mais n'a rien à voir avec son soulèvement car le pli est oblique par rapport à Belledonne dont antérieur.
Au N dans la vallée d'Allevard, un verrou glaciaire est bien visible : ce sont les couches plus dures du lias.
I – Chemin jusqu'au Bout du monde.
Au débouché de la gorge, l'ancienne voie ferrée qui desservait les usines sidérurgiques (traitement des ferrailles) du Bout du monde et le vieux bâtiment de la source thermale d'Allevard. En page 4 les caractéristiques de cette eau, autrefois appelée eau noire, elle est maintenant collectée par des forages ; ce bâtiment est classé aux monuments historiques. Les nouveaux propriétaires de la source préfèrent utiliser l'eau pour leur industrie cosmétique plutôt que de chercher à développer l'établissement thermal.
A proximité, l'affleurement de roches calcaires très sombres présente des strates sub horizontales légèrement inclinées vers l'aval avec une schistosité en oblique. En avançant, le pendage augmente et la schistosité reste orientée vers l'E. Cette schistosité dans le lias inférieur s'est produite sous la forte pression des terrains qui couvraient ces couches calcaires et qui allaient jusqu'à la molasse miocène (figure page 3).
Fin août 2005, de fortes pluies ont provoqué une crue importante du Bréda qui a entraîné des mouvements de terrains importants dans la gorge, dans des zones où les couches plus argileuses étaient plus tendres.
Dans le torrent, des blocs de cargneules sont visibles, ils ne doivent pas être confondus avec les tufs présents dans la vallée et dont on peut voir la formation un peu en amont des ateliers municipaux dans le cours du Breda.
En 2001, un parapentiste a vu un énorme cratère d'effondrement dans la forêt (effondrement de Montouvrard ). La forme est révélatrice d'un entonnoir de dissolution. Des circulations d'eau, probablement être liées au Bréda ont dissous le gypse triasique et formé une cavité, le toit de celle-ci s'est effondré. Quelques heures après l'effondrement l'eau du Bréda est devenue beige ce qui est significatif d'un dégorgement souterrain.
Plus haut la gorge se rétrécit, des grés rouges sont visibles sont le trias : grés d'Allevard. C'est un gré rose à grain fin ou blanc à grains un peu plus grossier avec de petites particules de mica. Ce gré est exploité dans la carrière de Theys . Ce sont des dépôts continentaux du permien et du carbonifère. Une faille est visible qui sépare ce permien de micaschistes à séricite : c'est la série satinée de Belledonne.
Au bout du parcours praticable, le Bout du monde et au-delà des gros blocs éboulés lors de la crue de 2005. Dans la zone plus ouverte du Bout du monde, des blocs tombés du versant sont de la sidérite (carbonate de fer de couleur miel avant de s'oxyder) associée à du quartz. Ces blocs ne font pas partie de la géologie du cours du Bréda . A signaler le « sentier du fer » qui part de Pissot et qu'il est très intéressant de parcourir.
Le creusement de cette gorge du Bréda s'est fait depuis la dernière glaciation et a été favorisé par le soulèvement de Belledonne. Cette gorge est un des rares points où le contact entre les rameaux interne et externe est visible (par endroit car le couvert végétal est important.
En bordure du torrent, de gros blocs de conglomérat gris sont visibles, le ciment est siliceux : conglomérat du carbonifère.
II – Haute vallée du Breda.
En remontant la route vers Fond de France jusqu'au lac de retenu au-dessus de La Férrière et du Curtillard .
On est de nouveau à la limite entre les deux rameaux. Le lac est dans des gneiss et des micaschistes qui ne font pas partie de la série satinée ; au-dessus de la cascade du Pissou, au SSE au-dessus du lac le granite des 7 Laux forme les principaux sommets. Au S, un sommet apparaît plus noir que les autres, ce sont des ophiolites de Chamrousse qui se prolongent jusqu'à la Dent du Pra .
Torrent du Vaugelas.
La remontée de ce torrent permet de voir des affleurements et des galets permettant de décrire le contact entre les deux rameaux. La vallée du Bréda s'ouvre en amont de l'Epinay : le torrent a creusé dans les terrains plus tendres pris dans le contact tectonique entre les deux rameaux (figure page 5).
En remontant le torrent qui se déverse par un large cône torrentiel dans la vallée ouverte du Bréda , on trouve des blocs de pierres de toutes tailles constitués de cargneules (qui ont nécessité la tectonique alpine pour fracturer la dolomie dont elles sont issues), de dolomie plus rare, de gré d'Allevard, de pélite verte et de pierres noires qui se délite en plaquettes avec quelques micas : s'il n'est pas attaqué par HCl c'est du houiller. Le gypse est absent parce qu'il a été dissous. Cette diversité de roches est révélatrice d'une zone constituée de multiples couches, nous sommes au niveau de l'accident médian de Belledonne (AMB). En contrebas sur le bord du torrent, des couches de houiller très noires affleurent avec du lias au dessus.
Le houiller qui se débite facilement est exploité pour les lauzes.
De nombreuses sources existent et créent une zone très humide au S du cône du torrent : l'eau s'infiltre dans les roches cristallines fracturées et dans les roches de la zone intermédiaire ; au niveau de l' AMB , elles rencontrent les couches imperméables du lias et forment ces sources.
Des difficultés sont rencontrées pour dater les micaschistes de la série satinée : on peut dater le métamorphisme qui a conduit à leur formation (hercynien) et l'on peut aussi dater l'age des matériaux ( protolithes ). Par endroits, on trouve des grés quartziques : ces grés sont probablement issus de flyschs avec des alternances de gré et de matériau argileux : quel est l'age de ces flyschs ? Les micaschistes satinés appartiennent exclusivement au rameau externe de Belledonne, pour en retrouver ailleurs il faut aller dans le Massif Central. Dans les Cévennes et dans le Limousin (fenêtre dans les Marches) on retrouve des micaschistes identiques dits des Cévennes qui sont ante cambrienne (page 8).
Les figures page 7 donnent un scénario crédible du serrage ayant conduit à l' AMB .
Au niveau du lac de l'Agnelin (dernier lac des 7 Laux au SE), les apophyses granitiques pénétrant dans les gneiss sont très visibles : le granite des 7 Laux est intrusif dans un massif métamorphique plus ancien (balade recommandée depuis vallée de l'Eau d' Olle ). Les micaschistes se seraient formés au précambrien vers le Pole S ?
Pour plus d'infos, la dernière édition de la carte géologique de Domène est accompagnée d'un livret explicatif très détaillé.
Documentation de Mr Kerckhove
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