CHAINE  des  PUYS

 

 

18/06/07

 

Rappels et présentation.

 

Remarque préliminaire : Pour les données générales sur le volcanisme se reporter au cours de Thierry de première année ou au document « le volcanisme : dynamismes éruptifs » transmis par Mathieu.

 

En France, le volcanisme de la chaîne des Puys est le plus récent: quaternaire, celui des Monts Dore et du Cézallier remonte au pliocène et celui du Cantal au miocène supérieur.

 

Il y a environ 90 volcans dans la Chaîne des Puys ou volcans d’Auvergne.

 

Les volcans d’Auvergne sont liés à la faille de la Limagne. Ils s’étirent selon un axe N – S parallèle celle-ci. A la fin du primaire, il reste une plaine suite à l’érosion de la chaîne hercynienne, sous l’effet de mouvements distensifs depuis l’Eocène sup à l’Aquitanien, des failles apparaissent et le bloc de la Limagne s’effondre. Le Massif Central se soulève au miocène et la bordure du plateau se découpe en gradins notamment à l’E de la chaîne des Puys : escarpement fortement incliné de plusieurs centaines de mètres de dénivelé. La chaîne des Puys se développe 2 ou 3km à l’W du sommet du gradin d’effondrement.

 

 Au S, le lac Pavin qui est la conséquence d’une éruption magmato phréatique est le volcan le plus récent d’Auvergne, il a 6000ans. Au N, le Gour de Tazenat est un maar correspondant au plus ancien volcan de la chaîne, il y a 40 ou 50000ans. Actuellement, la région reste sismiquement assez active.

 

            Les mesures gravimétriques, magnétiques et la propagation des ondes sismiques sont des indices importants de la présence de chambres magmatiques sous les volcans des Puys.

 

Les laves des volcans de la chaîne des Puys forment une série qui va du basalte à la trachyte, à la trachy-andésite et au trachy-basalte. Les remontées de magma visqueux riche en silice donnent, quand il n’y a pas explosion, des dômes tel que le Puy de Dôme, le Sarcoui ou le Mont Gerbier de Jonc. Souvent ces dômes ne se forment que dans un deuxième temps, la première phase est explosive et c’est lors de la montée ultérieure de la lave très visqueuse que le dôme se forme. Les remontées de magma froid conduisent soit à des aiguilles soit à des volcans explosifs qui donnent des nuées ardentes, ce cas est fréquent dans la chaîne des Puys.

 

La plupart des volcans de la Chaîne des Puys sont des cônes de scories de type strombolien.

 

 

MONTEE au Puy de Dome.

 

            Départ de la balade à partir du col de Ceyssat.

Dans la partie basse de la montée, affleurements d’une roche claire très légère. Elle est d’une pâte homogène presque blanche avec des phénocristaux de  feldspath et des paillettes noires de  biotite (parfois des cristaux de quartz peuvent être trouvés ce qui lui donne un caractère rhyolitique): il s’agit d’une domite (trachyte), roche un peu moins acide que la rhyolite.

 

Plus haut dans la montée, affleurement d’une roche blanche très friable fine présentant des noyaux plus durs : ce sont des germes autour desquels la roche pulvérulente s’est consolidée. Cette roche est un dépôt résultant d’une nuée ardente. Le magma à haute température est pulvérisé dans l’atmosphère en donnant des aérosols qui se compactent et se consolident plus ou moins : cette roche est une ignimbrite. Dans le cas présent, elle provient de l’éruption du volcan Kilian qui est proche et dont les nuées ardentes ont concerné les volcans environnants.

 

Avant d’arriver au parking du sommet du Puy, on voit bien sur le flanc du Puy de Dôme des aiguilles d’extrusion de lave visqueuse et des dykes correspondant à des émissions secondaires.

 

Depuis le sommet du Puy qui domine le plateau de 500m, belle et large vue sur la Limagne qui correspond à une zone d’effondrement vieille de 30000ans. La ville de Clermont Ferrand est construite sur les sédiments d’un maar qui ne fait pas partie des volcans de la chaîne des puys et qui est beaucoup plus ancien (146000 ans pour une datation faite place de Jaude). Il y a en moyenne 70m de cendre sous la ville, ces cendres proviennent des volcans des puys, par exemple sous la place des Carmes ces cendres ont été datées de 12000ans.

 

L’activité volcanique du Puy de Dôme a débuté par une phase strombolienne qui a donné de la pouzzolane rouge (présence de petits reliefs stromboliens). Lors de la formation des Alpes, il y a probablement eu formation d’un point chaud local, celui ci a entraîné un rifting passif (qui ne s’est pas poursuivi jusqu’à la rupture de la croûte continentale). Ce point chaud local serait la conséquence d’une cellule de convection localisée dans la partie superficielle du manteau : ceci est confirmé par l’absence d’olivine dans les basaltes. Ce point chaud superficiel serait à l’origine de la Chaîne des Puys.

 

Si le magma remonte moins vite, il a plus de temps pour refroidir et il a plus de temps pour se charger en produits de la croûte continentale, il est donc plus siliceux : ceci est à l’origine des trachytes et phonolites de la série alcaline que l’on trouve dans les volcans de la région et qui est typique des volcans intraplaques, on parle alors de magmatisme fissural.

 

Depuis le sommet du Puy l’alignement des volcans au N et au S est frappant. Tous ces volcans correspondent à une même phase d’éruption volcanique, les plus anciens au N et les plus récents au S (groupe du lac Pavin). La vue permet de bien voir les dômes (grand Sarcoui), les cratères stromboliens (Pariou) et l’aiguille péléenne de la Chopine.

 

Le temple de Mercure construit par les romains au sommet du Puy de Dôme a été construit avec de la trachyte du Grand Sarcoui. La légende dit que la roche n’avait pas été prise sur place pour ne pas réveiller les dieux du volcan du Puy de Dôme mais le Grand Sarcoui n’est pas loin et surtout la domite du Puy de Dôme n’a pas des caractéristiques suffisantes pour construire un tel édifice.

 

Le nom de Puy de Dôme n’est pas associé à la nature du volcan car le nom a existé avant que ne soit connue la notion de dôme volcanique. Puy vient du mot latin podium désignant un point élevé.

 

 

PUY PARIOU.

 

Depuis le Puy de Dôme, nous avons fait la traversée jusqu’au Puy Pariou qui présente la forme caractéristique du volcan d’auvergne avec son cratère central profond d’une cinquantaine de mètres ; l’ensemble étant presque parfaitement conique. Lors de cette traversée, nous sommes passés à proximité du Petit puy de Dôme et de la dépression bien circulaire du Nid de Poule qui a été formée par une explosion magmato phréatique (maar).

 

Depuis le Puy Pariou, on voit bien les deux sommets du Puy de Dôme. Un premier dôme trachytique s’est d’abord formé (des dykes et une aiguille de lave sont encore visibles sur le flanc W). La partie E de ce cumulo dôme a été détruite par une explosion avec des nuées ardentes et un second dôme se forme. La présence près du sommet actuel de gros blocs de lave témoigne de l’existence d’une aiguille péléenne qui s’est effondrée. La limite entre ces deux dômes est la zone annulaire du parking actuel.

 

Vue sur le Puy de la Chopine qui est une des 3 protrusions de la chaîne.

 

 

LASCHAMP

 

            Après cette randonnée, nous avons gagné notre hébergement au gîte de Laschamp. Ce nom est associé à une anomalie magnétique.

 

            Le champ magnétique terrestre s’est inversé plusieurs fois au cours des temps géologiques. La dernière inversion connue a eu lieu il y a environ 700000ans. Lorsque la lave d’une coulée se solidifie, elle enregistre l’orientation du champ magnétique du moment. Depuis 700000ans le champ magnétique a l’orientation que nous lui connaissons mais dans une coulée située à Laschamp datée de 40000ans une orientation inverse de ce champ a été constatée, cette mesure a été confirmée par plusieurs mesures et par la découverte d’autres anomalies dans la même période. On parle d’excursion ou d’inversion partielle pour ces anomalies qui sont mal comprises. On sait que l’intensité du champ était alors très faible et il pourrait s’agir d’un effet quadripolaire normalement masqué par la composante bipolaire qui est plus intense.

 

 

19/06/07

Gour de Tazenat.

 

Le lac est circulaire, il s’agit d’un maar résultant d’une explosion magmato phréatique. Lors de la balade qui fait le tour du lac, le socle cristallin apparaît en plusieurs endroits. Le lac est entouré d’un bourrelet constitué d’un mélange de roches granitiques, de bombes volcaniques  et de pouzzolane. Cet anneau pyroclastique ou tuf volcanique correspond aux débris de l’explosion à l’origine du maar.

Comme beaucoup de volcans d’Auvergne, il est monogénique c’est à dire qu’il n’y a eu qu’une seule phase éruptive.

 

VOLCAN DE LEMPTEGY

 

            Le volcan qui était un cône strombolien a été exploité pour la pouzzolane et est devenu une carrière en excavation. Lors des dernières années d’exploitation, les éléments géologiquement intéressants ont été préservés pour en faire un musée.

            Le cône du volcan dépassait le plateau environnant de 70m a été exploité après la guerre et il est aujourd’hui devenu une carrière profonde de 160m. Les cheminées (il y a en fin deux volcans) et des dykes ont été conservés ainsi que les différentes couches encore visibles sur le pourtour de la carrière.

 

            Le nom de Lemptegy proviendrait du nom du propriétaire romain des lieux ou d’une villa romaine proche. La trachyte du Grand Sarcoui est une roche très dure d’où son utilisation pour le temple de Mercure mais aussi pour fabriquer des sarcophages (d’où son nom) et cette pierre est encore utilisée pour construire des fours à pain. Le puy Chopine tient son nom d’un marécage.

 

            Le nom de pouzzolane correspond à des scories volcaniques exploitées en Italie. Le nom est utilisé à titre commercial pour les scories des volcans d’Auvergne pour souligner que les propriétés sont les mêmes.

 

            Les puys d’Auvergne n’ont été reconnus comme des volcans qu’en 1752 par Jean Etienne Guettard. Les romains avaient peut être fait le rapprochement avec les volcans italiens mais il n’en subsiste aucune trace. Avant 1752, ces tas étaient considérés comme des détritus laissés par des forges romaines dont il ne reste pas de traces. C’est probablement la comparaison avec le Vésuve faite par Guettard qui est à l’origine de cette reconnaissance, il aurait reconnu de la lave d’une coulée utilisée pour une fontaine avant même de voir les volcans. Ce qui déclencha bien sûr une polémique…Et il fallut encore 20 ans pour que l’origine volcanique des basaltes et laves soit reconnue plutôt qu‘une origine sédimentaire.

 

            Plusieurs types de bombes volcaniques sont identifiables en fonction de leur forme :

-   en croûte de pain lorsque la lave est très visqueuse ou s’il y a eu un refroidissement important du basalte, le refroidissement est plus rapide en surface qui se fissure, l’intérieur peut être plus cristallisé.

-   bombe en fuseau lorsque la lave plutôt fluide s’est figée lors de la trajectoire de la bombe,

-   bombe en boule ou en miche de pain: sur site miche de pain de 60t. Ce sont des bombes qui sont retombées une ou plusieurs fois dans le cratère avant d’être définitivement expulsée,

-   bombe en bouse de vache : quand elle atteint le sol encore très pâteuse.

 

Les scories passent du noir au rouge lorsque la température est plus élevée. Une scorie noire réchauffée par le passage d’une autre coulée plus chaude prend une couleur plus rouge.

 

Les couches de cendre en bordure du volcan ont été préservées, on peut y lire l’histoire volcanique du lieu.

           

A noter la couche de lahar résultant d’une coulée de boue volcanique qui a affecté les pentes mal consolidées d’un volcan voisin.

 

Les volcans les plus récents ont été en activité il y a 6000ans environ (groupe du Pavin) et en général les volcans de la chaîne des Puys sont monogéniques mais au fond du lac de Mazaye, des cendres ont été datées à 3000ans sans que l’on puisse identifier le volcan émetteur.

 

Plus loin dans la carrière affleurement de cendres présentant des couleurs variées plus claires et discordances par rapport aux couches de cendres : ce sont des dépôts dus aux fumerolles. Parmi ces dépôts, présence d’hématite et de soufre.

 

Il y a peu de laves prismées dans la région : il faut des coulées suffisamment épaisses car les 6 ou 8 premiers mètres sont chaotiques et les prismes n’apparaissent qu’en dessous. Ces conditions se rencontrent aussi dans les lacs de lave. Il y a un bel exemple de prismes volcaniques dans la carrière des Puys près de Roure. Il est rappelé que les prismes se forment par rétraction lors du refroidissement perpendiculairement à la surface de refroidissement.

 

Visite à Orcival pour visiter l’église romaine du XIIième siècle construite avec de la roche volcanique noire d’une carrière proche (téphrite) mais les travaux en cours cachent la façade et une bonne partie de l’intérieur du bâtiment. Dans le village, plusieurs maisons sont couvertes de lauzes de phonolite extraites de la Roche Tuilière.

 

La ponce est plus légère que l’eau (densité < 1) mais ne flotte pas car des alvéoles communiquent et l’eau peut pénétrer. Les scories ont une densité > 1.

 

 

20/06/07

Puy de la Vache

 

Pour ce puy, la lave est très basaltique (avec plus forte proportion de fer et magnésium). Le sentier qui part de la route commence par traverser des scories noires : on parle de faciès de bas de cône : les scories ont été projetées plus loin et ont refroidi plus vite. Les scories qui retombent  plus près de la cheminée sont plus oxydées car elles se sont refroidies plus lentement ou elles ont été recuites : elles sont rouges – faciès de cœur de cône.

 

Ce volcan est égueulé, ceci signifie que durant l’écoulement de la lave qui va donner la coulée (chière) de 15km de long, les scories projetées se sont accumulées autour de la cheminée mais pas sur le passage de la coulée qui les a entraînées. Sur son passage, cette longue coulée a bloqué le passage de quelques cours d’eau qui ont donné des lacs : Cassière, Aydat.

Les coulées se présentent de manière très chaotique avec des scories: on parle alors de coulée aa ou la lave était très fluide et la coulée est relativement lisse avec la présence de laves cordées : coulée pahoehoe : ces termes font référence aux volcans d’Hawaï. Les cheires de la chaîne des Puys ont une surface très accidentée : chaos rocheux riche en scories.

 

Ce volcan est très proche du Puy de Lassolas qui est lui aussi égueulé. En fait ce sont deux cônes stromboliens correspondant à la même cheminée mais avec deux bouches différentes de rejet.

 

 

CARTE GEOLOGIQUE des Puys.

 

La carte de vulcanologie de la chaîne des Puys permet de bien identifier les 3 types de volcans : dômes, cônes strombolien et maars.  Des couleurs permettent d’identifier les types de lave : trachyte, basalte… Sur les coulées des cadres portent des informations du type 45500 TL/F, ceci signifie de la coulée est âgée de 45500ans et que la datation a été faite par thermoluminescence (TL) sur des feldspaths (F).

Sur cette même carte au niveau de Laschamp des flèches noires sont présentes et en sens inverse de la plupart des autres flèches de ce type sur la carte :il s’agit de l’orientation du magnétisme enregistré au lieu donné. Il est à remarquer qu’il y a d’autres lieux avec une orientation inverse du magnétisme.

 

 

ROCHES TUILIERE et SANDOIRE.

 

Ces volcans sont des dômes de phonolite de 2Ma, ils ne font pas partie de la chaîne des Puys mais de la chaîne des Monts Dore qui est plus ancienne. La phonolite est très visqueuse et ces deux volcans sont des protrusions (dynamisme péléen).

La roche Tuilière tient son nom de l’exploitation de sa roche en lauzes pour couvrir les habitations. Le débit en plaques de la roche Tuilière est dû à la grande viscosité de la phonolite qui en remontant se déformait le long des parois et les vitesses différentielles ont créé le découpage.

Les deux volcans ne sont pas un même volcan coupé en deux par un glacier. La Sanadoire est légèrement plus vieille et la roche est plutôt une trachy phonolite; et la vallée entre les deux roches est bien une auge glaciaire. Il est d’ailleurs probable que ces aiguilles se soient développées sous un glacier.

Il ne peut pas y avoir de confusion entre une aiguille de protrusion et le neck d’un volcan dégagé par l’érosion, la distinction se fait pas la nature de la roche volcanique, phonolite d’un coté ou trachyte, basalte de l’autre.  Ceci confirme bien que la prismation de la roche Tuilière est due à la viscosité du magma et pas à son refroidissement. La phonolite est très riche en K et Ca car la contamination est très importante lors de la lente remontée vers la surface.

 

Le point chaud sous le système de fissuration de la Limage (chaîne des Puys) a disparu lors du blocage de l’avancée de l’Apulie avec la formation des Alpes: cellule de convection avec enfoncement lié à la formation des Alpes. Hawaï et la Réunion sont de vrais points chauds. Le cas des Açores est moins clair, ainsi que celui des volcans d’Auvergne, l’alignement est un argument en faveur du point chaud mais aucune anomalie gravimétrique n’a été mise en évidence! L’Islande est la superposition d’un point chaud et d’une dorsale.

 

Pour finir le voyage, Mathieu nous a emmené à un affleurement qu’il a trouvé depuis peu au N de ces roches. La roche est un conglomérat clair en cours de solidification, il a voulu nous faire goûter : la géologie a donc un goût et même un bon goût! Il fait des recherches et si cette roche n’a pas encore été identifiée par un autre géologue il envisage de la baptiser du nom curieux de « truffade ».

 

 

 

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