Le VALGAUDEMAR.

09/06/08

I - A l'entrée de la vallée du Valgaudemar .

A l'E, c'est l'extrémité SW des massifs cristallins externes. A l'W, de l'autre côté du Drac ce sont les calcaires du vocontien du sud du Vercors et du Dévoluy... Le Drac est la limite entre ces deux zones, il est même probable que cette limite soit celle de l'ancien domaine ligure.

Il faut rappeler que l'absence d'urgonien caractérise le domaine vocontien, la mer est plus profonde dans cette zone, trop profonde pour la formation de l'urgonien à partir des coraux. L'urgonien est remplacé par des marnes barrémo aptiennes. Le vocontien remplace l'urgonien mais les strates inférieures sont les mêmes que plus au N où il y a de l'urgonien.

Les grandes falaises de la région (pic de Bure, Obiou) sont du crétacé sup.

II - Arrêt n°1 après St Firmin (usine EDF de St Maurice).

Au S, ce sont les contreforts cristallins du Petit Chaillol, au N le Grun de St Maurice.

Dans l'éboulis en face du parking, on trouve au pied du Grun, des roches représentatives des massifs environnants. On trouve des roches sans strates, avec des éléments cristallisés disposés plus ou moins parallèlement. Ce sont des roches cristallophylliennes. Les cristaux sont des feldspaths et des amphiboles : la roche est une amphibolite.

Quelles sont les roches d'origine de ces roches métamorphiques. De par la constitution chimique, elles doivent être silicatées et calciques.( revoir ). Si la roche d'origine est sédimentaire c'est une marne (faite d'argile et de calcaire). Ces marnes auraient subi un fort métamorphisme (para-métamorphisme) Ceci donne des roches métamorphiques à grain fin ou très fin.

Si la roche d'origine est magmatique, ce peut être un gabbro ou un basalte. Cet ortho-métamorphisme donne des cristaux nettement plus gros.

Nous voyons clairement des blocs de roches métamorphiques comportent quelques gros cristaux parfois de forme arrondie ce qui n'est pas une forme cristallographique. Ce sont d'anciens galets pris dans une roche sédimentaire. Les conglomérats métamorphisés sont typiques du Vieux Chaillol et de Taillefer.

Un bloc d'amphibolite présente des veines plus claires et de forme variées. Cette roche a subi une forte montée en température était proche de la fusion, elle était très ductile ce qui explique ces formes associées à la déformation. Cette roche était proche de la migmatisation. Cette amphibolite a probablement été montée à près de 950°C , pour un gneiss, l'approche de la migmatisation se fait plutôt vers 650°C .

Plus loin, une autre roche présente une partie gneissique et une partie amphibolitique. C'est le résultat de la métamorphisation d'un basalte ou d'un gré, par exemple il peut s'agir d'un filon de basalte dans un gré, le tout ayant ensuite été métamorphisé. La différence e résultat de la métamorphisation est principalement due à la différence de composition chimique de ces deux parties.

Un placage d'épidote est visible sur certains blocs, plus loin dans le talus en bord de route, un filon d'épidote est identifiable par sa couleur verte caractéristique. Il s'agit de filons hydrothermaux ou d'un second métamorphisme de feldspaths.

En descendant la route, les roches du talus deviennent de moins en moins organisées jusqu'à une rupture brutale entre les amphibolites chaotiques et une zone d'éboulis. Plus loin, la roche présente des strates presque verticales, elle est schistosée : calcaires du milieu du lias. Entre les amphibolites et le lias, le trias est absent : contact anormal avec les couches les plus jeunes sous les plus anciennes (visibles en poursuivant le long de la route), la série est renversée.

.


Nous sommes en présence d'un crochon de calcaire qui est associé au chevauchement de l'écaille cristalline du Grun. Voir cette limite sur l'extrait de carte ci-dessus. De l'autre côté de la vallée, l'écaille de roches cristalline est plus avancée vers le W de 1 ou 2km : la Sevéraisse qui coule au fond de la vallée chemine le long d'un décrochement dextre.

III – Arrêt n° 2 Le Roux

Nous montons au-dessus du village sur la halde d'une mine de galène argentifère exploitée de 1860 à 1922. La halde est ce tas de débris sans intérêt (gangue) rejetés dans la pente devant l'ouverture de la mine. L 'argent se présente très rarement natif et très souvent en association avec le plomb. Dans des régions où la pierre est très utilisée pour les bâtisses, le plomb considéré comme un sous produit de l'extraction de l'argent est utilisé comme joint (taquet) pour sceller les pierres. C'est sa ductilité qui est alors intéressante.

Un peu de vocabulaire minier :

Creuser dans le filon : défilage.Arracher, désolidariser des blocs de minerai du filon ou du front de taille : haver

Dans les Alpes, les blocs de minerai étaient triés pour ne conserver que les plus riches, ils étaient ensuite concassés pour extraire le minerai de la gangue. Souvent , faute de bois, le minerai était fondu dans la vallée.

IV – Arrêt n°3 : vue vers le col de Vauze.

Arrêt juste après le pont sur la Sevéraisse avant d'entrer dans le hameau des Andrieux. De là nous avons une bonne vue sur le vallon montant au col de la Vauze.

Les terrains liasiques sont bien reconnaissables, ils sont en altitude et coincés entre des écailles cristallines. Ce sont les pincées liasiques du Valgaudemar .

.

Les schémas ci-dessus expliquent leur formation. Lorsqu'une figure tectonique de distension est sollicitée en compression, la faille normale distensive ne rejoue pas en sens inverse, l'angle est trop important (60° au lieu de 30°). Sous l'effet de la pression, le bloc qui est descendu lors de la distension pivote à peu près autour du point de contact avec le bloc supérieur et les terrains sédimentaires qui se sont accumulés entre deux sont pincés avec un plissement important sous l'effet d'une forte compression. Plus au N, les blocs du socle se touchent et les terrains sédimentaires liasiques ne sont plus visibles : lors du pivotement, les angles que font les fissures par rapport à l'horizontale évoluent et certaines fissures secondaires se retrouvent avec un angle de 30° et la partie supérieure part en chevauchement : voir schémas ci-dessous.

.

Ce scénario est celui des chevauchements importants de la Meije ou de la Muzelle. Ces chevauchements sont bien visibles sur la carte géologique, le plus proche de notre point d'observation est le Sirac. La picée du col de Vaurze remonte jusqu'à Venosc.

 

V – Arrêt près de la cascade du Casset.

A l'embranchement, la route du bas mène au hameau du Bourg. Quelques maisons sont visibles. Il y a quelques siècles, un éboulement important a enseveli une partie du village. L'éboulement est bien visible, des arbustes ont poussé dessus ce qui confirme l'ancienneté de l'évènement.

Au pied de la cascade, on trouve de nombreux blocs de migmatite. L'un d'entre eux présente un filon de granite pris dans un bloc métamorphique et en partie basse, une cristallisation très désorganisée qui ressemble au filon de granite. Le bloc initial a d'abord été porté à haute température ce qui a donné un bloc métamorphique dont la partie basse a atteint la température du solidus et un début de fusion s'est opéré avec une solidification ultérieure sur place (peut être avec une agglomération des gouttes de magma).   Dans un deuxième temps le bloc a été recoupé par un filon de magma qui en refroidissant lentement a cristallisé en granite.

La vallée du Valgaudemar est typiquement glaciaire ainsi que le vallon dont provient le torrent qui donne la cascade. La langue glaciaire latérale, moins importante a moins creusé la montagne que la branche principale du glacier. Les deux vallées se rejoignent avec un gradin de confluence dans lequel le torrent a creusé une gorge de raccordement.

VI – Nouvel arrêt au niveau du Rif du Sap

En face de nous, l'aiguille de Morges, sommet de spilite entouré de calcaires et marnes jurassiques. Nous sommes en présence d'une pincée liasique avec l'avancée d'une écaille chevauchante du socle (Sirac) qui recouvre partiellement la couverture sédimentaire. Sous cette écaille, des couches de spilite triasique ont chevauché les couches du lias. Ce chevauchement correspond à la poussée pyrénéo provençale et il s'est passé avant la fin de l'éocène. La présence des spilites de la fin du trias est associée à l'ouverture téthysienne.

 

Sur le replat morainique près du chalet, nombreux blocs de gneiss migmatiques. Leur aspect plissoté montre bien la ductilité des matériaux lors de leur formation. Les inclusions de granite sont le résultat de la fusion locale partielle.

 

VII - Arret en fond de vallée au chalet du Gioberney - un peu de minéralogie : rappels .

Les granites contiennent les deux types de feldspaths (plagioclases-- Na, Ca et orthose - FK), si le quartz n'est associé qu'à un type de feldspath il s'agit d'un granitoïde.

Par ordre décroissant de concentration en silice on a le quartz, FK, plagioclases.

Il existe des roches riches en silice et sous saturées : Les alcalins pompent beaucoup de silice et en fin de cristallisation il n'y en a plus assez pour former des feldspaths, il y a alors formation de feldspathoïdes. C'est par exemple le cas de la phonolite (syénite).

Il n'y a pas d'orthose dans la diorite, dans la monzonite, il y a autant de FK que de plagioclases mais pas de quartz.

Le granite des Bans est à amphiboles.

Si on classe les principaux minéraux par ordre de richesse croissante en silice : olivine, pyroxène, amphibole, micas, plagioclases, orthose, quartz.

Le basalte (ou gabbro) est plus pauvre en silice, on y trouve des olivines et des pyroxènes. Les plagioclases y sont abondants.

L'andésite (diorite) est plus riche en silice, les pyroxènes et amphiboles sont plus abondants et l'orthose est le feldspath le plus abondant.

La trachyte ou la rhyolite (granite) sont les plus riches en silice, les amphiboles et les micas sont les ferro-magnésiens les plus présents et la silice est assez abondante pour que le quartz soit présent.

Lorsque le granite contient des baguettes allongées : granite à amphiboles. Mais les amphiboles de l'amphibolite n'ont rien à voir avec celles du granite hormis leur famille de silicates et leur radical commun :   Inosilicates [Si 4 O 11 (OH)] 7- (Silicates en chaînes ouvertes de tétraèdres simples (pyroxènes) ou doubles (amphiboles)). Les unes se forment lors de la cristallisation lente d'un magma ayant une chimie appropriée, les autres sont la recristallisation en phase solide lorsqu'une roche cristalline ayant une certaine composition chimique est soumise à des contraintes anisotropes dans des conditions données de P et de T. De même pour les pyroxènes du basalte et ceux des éclogites : ils sont de la même famille de silicates, ils ont un radical commun mais ils apparaissent dans des conditions totalement différentes.

Pour mémoire, voir ci-dessous le diagramme de Streckeisen copié dans le fascicule de première année

 

VIII - Randonnée au pont des Oules

Au retour, au niveau de la Chapelle en Valgaudemar nous faisons une petite randonnée au Pont des Oules en passant par la gorge des Oules du diable

  Vers: comptes-rendus des sorties
vers:galerie de photos
Vers:calendrier